Aller au contenu

Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
325
LA RELIGION DE L’AMOUR ET DE LA BEAUTÉ

Sur un point seulement, saint François n’est pas d’accord avec le comte Tolstoï ; et c’est aussi le seul point où M. Sabatier ne me semble pas l’avoir bien apprécié. Le comte Tolstoï, comme l’on sait, recommande volontiers aux chrétiens de rejeter les formes extérieures de la religion où ils ont été baptisés. Et M. Sabatier, de son côté, ne peut s’empêcher de nous faire entendre que saint François a été le premier protestant, qu’il a devancé Luther dans l’indifférence aux détails du dogme, et dans le goût du libre examen.

Combien l’âme de notre cher saint doit frémir, là-haut, à cette seule pensée ! Combien doivent en être indignées les âmes de ses compagnons, de frère Ange, de frère Léon, de saint Égide et de sainte Claire ! Saint François fauteur d’un schisme ! lui qui redoutait non seulement les sciences profanes, mais la théologie même, pour les doutes qu’elle pouvait éveiller touchant certains détails de la religion ! Il voulait en effet qu’on ne pensât pas au dogme, mais c’était afin qu’on fût plus à l’aise pour y croire. Condamnant tous les vains efforts de la raison humaine, il condamnait surtout ceux qui risquaient de priver l’homme de cette foi si commode, si reposante, si riche en consolations pour les âmes malades. « Soyez sûrs, aurait-il pu dire, que, si vous abandonnez votre religion, vous


    curieux. Le Dr Bournet, que sa profession de médecin n’empêche pas d’être plus libéral sur la question du miracle que M. Sabatier, s’est surtout attaché, dans ce petit livre, à prouver combien était insensée l’accusation de folie portée contre saint François.