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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/359

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LA RELIGION DE L’AMOUR ET DE LA BEAUTÉ

fond des choses. — qui d’ailleurs n’ont probablement pas de fond. — c’est assez des manuels de science et des traités de métaphysique. Mais le roman n’est fait que pour nous divertir et pour nous toucher : il n’y faut ni hautes pensées ni raisonnements subtils, mais plutôt l’instinctif souci de l’ordre, de la vérité, et de la beauté.

Peut-être allons-nous voir refleurir ces incomparables vertus I Peut-être, au lieu de quitter les collèges, comme le lui demandait naguère M. Vandérem, la philosophie consentira-t-elle à s’y confluer, pour y reprendre son rôle précieux d’exercice scolaire ! Peut-être les auteurs et le public recommenceront-ils, les uns à écrire, les autres à lire de beaux récits ingénieusement composés, simples et tendres, parfumés de musique et de poésie. Retour infiniment désirable au vieux génie de notre race ! Et, parmi le millier des signes divers qui l’annoncent, aucun ne me ravit davantage que le grand succès de Domnine, le nouveau roman de M. Paul Arène.

C’est le roman le moins Scandinave que vous puissiez imaginer : non seulement parce que son action se passe dans une petite ville de Provence, et qu’il est tout pénétré de l’air, de la lumière, et de la couleur du Midi : mais aussi parce que vous n’y rencontrerez pas la trace d’une théorie générale, ni d’un symbole, ni d’une analyse. Rien d’autre que le simple et rapide récit d’une aventure d’amour. Et M. Arène s’est encore gardé de prêter aux héros de cette aventure des âmes d’exception : il en a fait de pauvres petits êtres pareils à l’ordi-