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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/36

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NOS MAÎTRES

à leur gré, c’est-à-dire joindre à cette représentation ce qu’ils appellent « de la poésie ». Et ils font ainsi des œuvres où manque la vie : déformant leur vision dans le vain espoir de la poétiser ; confondant, sous une imitation imbécile et funeste, les procédés sensationnels de Franz Hals et les procédés émotionnels de Léonard de Vinci.

III

Des fabricants de tableaux, des industriels consciencieux et empressés ; et puis, parmi eux, quelques artistes, mais perdus dans une compromission fâcheuse : je pourrais résumer ainsi en deux mots le Salon de Peinture de 1886, digne successeur de celui de l’année passée, et digne prédécesseur de celui de la prochaine année. Et, malgré leur haute valeur commerciale, ces expositions donneraient vraiment une idée par trop désolante de l’état présent et de l’avenir probable de notre peinture, si nous ne savions pas, fort heureusement, que ceux qui survivent encore des maîtres de cet art poursuivent, dans la solitude qui désormais est leur sauvegarde, loin des salons et loin de la foule, leur haut travail de création artistique.

Achevant l’œuvre de deux maîtres sincères et puissants, Manet et M. Cézanne, M. Monet, avec une admirable franchise, et le prestige d’une délicatesse visuelle incomparable, analyse le jeu mobile des nuances lumineuses. M. Gazin reproduit, avec une sincérité pareille, de tout autres visions : c’est