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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/37

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L’ART WAGNÉRIEN

la simple et un peu grosse poésie d’une âme naïvement sentimentale. Et par cet autre maître de lart de notre temps. M. Degas, nous avons vu par lui saisis, comme jadis par Hals, et par notre grand Daumier, les plus insaisissables secrets du mouvement et de la vie. Cependant la peinture émotionnelle complique et modifie ses procédés svmphoniques, sous un afflux d’émotions plus complexes. M. Gustave Moreau, qui naguère avait promis à l’art quelque moderne Vinci, se plaît à l’ordonnance harmonieuse de scintillantes pierreries. M. Odilon Redon, en d’étranges paysages, tente une création nouvelle de l’épouvante désolée. Les cruelles images de M. Félicien Rops disent amèrement les vicieuses passions d’une époque perverse. Et, à l’écart de ces peintres-là comme des autres, le plus génial le seul vraiment génial d’entre eux. M. Renoir, exprime naïvement, en des jeux de couleur qui ravissent comme des chants et comme des caresses, les doux rêves ingénus d’une àme quasi d’enfant : seul aujourd’hui à ne s’inspirer que de lui-même, ayant seul au fond de son cœur une voix assez forte pour que les bruits du dehors ne l’empêchent pas de l’entendre.

Ainsi, tandis que s’exhale aux Salons la banalité des formules encours, c’est, ailleurs, par ces maîtres, une splendide floraison d’œuvres : comme si devant l’imminente fin des irrégularités saintes, les rares âmes différentes de ce temps avaient affiné encore leurs difl’érences pour tenter les luttes suprêmes. Lorsque s’approche et monte, désormais fatale, la séculaire ondée d’un déluge. les hommes de haute