Aller au contenu

Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
59
L’ART WAGNÉRIEN

suggérées par des rythmes et des sons différents. Comme le langage des arts plastiques, et comme celui des arts littéraires, le langage de la musique fut d’institution purement humaine. Non qu’il soit né, cependant, d’un simple artifice, de quelque convention volontaire entre les hommes : mais, pareillement à tous les langages, d’une association fortuite, consolidée en l’àme par d’héréditaires habitudes ; d’une vieille association qui lia certains rythmes et sons à certains états passionnels de l’esprit.

Dans l’émotion joyeuse, souvent, la poussée des images devient plus rapide : les rythmes rapides ont désigné la joie, d’abord pour les paroles, puis pour le chant, qui fut un effort à rendre les paroles plus expressives. Certaines relations des sons conviennent, plus aisément que d’autres, à la disposition du larynx humain : de là une tendance à signifier, par ces relations, des états de repos ou d’apaisement. Ainsi, et par maintes concordances telles, désormais abolies, les émotions des premières âmes furent liées à des signes. Le langage initial de la musique fut constitué, œuvre de hasards séculaires.


II

Toutes les formes de l’art poursuivent une fin commune, la création d’une vie supérieure au moyen de signes précis. Toutes vont à cette fin par un progrès continu, dont j’ai naguère noté les lois dominantes. L’art musical, recréant la vie des