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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/97

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L’ART WAGNÉRIEN

Dans le même temps Berlioz, exemplaire dramaturge romantique, s’exténuait à traduire par la musique des emportements littéraires et verbaux. Il enrichit la langue musicale de timbres nouveaux et de nouveaux rythmes ; mais il ne fit aucun usage artistique des termes qu’à profusion il créait.

Tandis que les Italiens improvisaient quelques agréables sentimentalades, tandis que Boïeldieu prostituait le vénérable opéra comique de Grétry, le vidant de toute signification émotionnelle, Meyerbeer reprenait plus habilement la besogne que Berlioz avait mal exercée. Il comprenait, avec le flair avisé d’un négociant, que la musique, si elle ne répond pas à des émotions, doit, sans vaines recherches savantes, être seulement un sonore trémolo, destiné à retenir l’attention des masses sur des actions de mélodrame. Il marqueta de banales romances, pour les âmes sensibles, et les dissémina parmi une suite de bruyances assourdissantes et creuses : le tout seulement pour qu’on ne perdît pas de vue les gestes et mouvements de pantins démenant sur les planches quelque scribeuse histoire.

Cependant d’autres romantiques, imitant Berlioz et l’universitaire Mendelssohn, s’ingéniaient à de gracieux trompe-l’oreille. On eut alors des musiques orientales, hindoues, hébraïques, languedociennes.

M. Gounod introduisit dans le commerce une formule nouvelle, vite appréciée : un mélange élégant de Bellini, de Schumann et de Meyerbeer, le tout gentiment accommodé, saupoudré même