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considérés, et laissent à leurs enfants de précieux moyens d’existence. Ce n’est donc pas une raison, quand l’État n’ordonne pas publiquement de se livrer à des exercices en vue de la guerre, de les négliger en particulier, et l’on ne doit pas s’y appliquer avec moins de zèle. Sache bien que, dans aucune autre lutte, dans aucun acte de la vie, tu n’auras à te repentir d’avoir exercé ton corps : en effet, dans toutes les actions que font les hommes, le corps a son utilité, et dans tous les usages où nous l’employons il est essentiel qu’il soit constitué le mieux possible. Il y a plus, dans les fonctions même où tu crois qu’il a le moins de part, je veux dire celles de l’intelligence, qui ne sait que la pensée commet souvent de grandes fautes, parce que le corps est mal disposé ? Le défaut de mémoire, la lenteur d’esprit, la paresse, la folie, sont souvent la suite d’une disposition vicieuse du corps, qui atteint l’intelligence, au point de nous faire perdre ce que nous savons. Si, au contraire, le corps est sain, il y a toute sûreté, et il n’y a pas de danger que l’homme en arrive là, faute d’une bonne constitution ; il est même vraisemblable que la vigueur de son tempérament sera excellente pour produire en lui des effets contraires à ceux d’une constitution mauvaise. Et que ne fera pas un homme de bon sens pour arriver au contraire de ce qui vient d’être dit ? D’ailleurs, il est honteux de vieillir dans cette négligence, sans savoir jusqu’où pourraient s’étendre la beauté et la force de son corps : or c’est ce qu’on ne peut connaître sans exercice ; car rien de cela ne vient de soi-même. »


CHAPITRE XIII.


Mots de Socrate sur la colère, la délicatesse dans le genre de vie,
les fatigues et les voyages.


Quelqu’un, un jour, était en colère d’avoir salué une personne qui ne lui avait pas rendu le salut : « C’est vraiment chose risible, dit Socrate, que tu ne te fâches pas quand tu as rencontré un malade, et que la rencontre d’un esprit grossier te fasse autant de peine. »

Un autre se plaignait de manger sans plaisir : « Acuménus[1],

  1. Médecin renommé pour son talent et son humeur bienveillante.