Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/186

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n’ont-ils pas fait briller, au milieu des ténèbres, ces astres qui nous indiquent les heures de la nuit, ce qui nous permet d’agir pour nos besoins ? — Cela est vrai. — De plus, la lune ne nous indique pas seulement les divisions de la nuit, mais aussi celles du mois[1]. — C’est juste. — Et maintenant, nous avons besoin d’une nourriture ; ne la font-ils pas sortir de la terre ? n’établissent-ils pas, à cet effet, des saisons convenables, qui nous fournissent, avec abondance et variété, non-seulement le nécessaire, mais encore l’agréable ? — C’est vrai, et tout cela est de la philanthropie. — Ne nous donnent-ils pas l’eau, cet élément précieux, qui aide la terre et les saisons à faire naître et grandir toutes les productions utiles à nos besoins, qui contribue à nourrir notre corps, et qui, mêlée à tous nos aliments, les rend plus faciles à préparer, plus salutaires et plus agréables ; et comme il nous la faut en abondance, ne nous l’accordent-ils pas avec profusion ? — C’est encore un effet de leur providence. — Ne nous ont-ils pas donné le feu, préservatif contre le froid et l’obscurité, auxiliaire de l’homme dans tous les arts, dans tout ce qu’il entreprend pour son bien-être ? Car, pour tout dire en un mot, sans le feu, les hommes ne font rien de remarquable, rien d’utile à la vie. — C’est encore un excès de philanthropie. — Et l’air répandu autour de nous avec une profusion sans bornes, l’air qui non-seulement entretient et développe en nous la vie, mais nous aide à traverser les mers pour aller chercher mille produits divers dans mille contrées différentes, n’est-ce pas un bienfait inestimable[2] ? — Assurément. — Et le soleil ! Après qu’il a franchi le solstice d’hiver, il revient, mûrissant certaines productions, en desséchant certaines autres dont la maturité est arrivée ; puis, après ce double bienfait, au lieu de s’approcher de trop près, il se retire, afin de ne pas nous nuire par une trop forte chaleur, et, lorsqu’il est en train de s’éloigner une seconde fois, parvenu, comme nous le sentons clairement, à une distance qu’il

  1. « Du temps de Xénophon, les mois n’étaient pas comme maintenant les divisions de l’année solaire ; c’étaient de vrais mois lunaires. La révolution synodique de la lune étant d’un peu plus de 29 jours 1/2, on faisait les mois tantôt de 29 jours, tantôt et un peu plus souvent de 30, et l’année tantôt de 12 mois, tantôt de 13. Ce fut d’après ce principe, observé déjà par Cléostrate dans l’établissement de sa période de huit ans, que Méton, l’an 432 avant J. C, établit à Athènes le cycle de 19 ans, qui porte son nom et qui fut longtemps en usage. » H. Martin.
  2. J’ai conservé ici, d’après Weiske, une phrase omise par quelques éditeurs.