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introduction.

Gryllus est mort avec gloire. On prétend aussi qu’il ne versa pas une larme, et se contenta de dire : « Je savais que mon fils était mortel. » Résignation héroïque, soumission touchante aux décrets de la Providence, pressentiment de cette obéissance chrétienne, qui dit avec Job : « Dieu me l’a donné, Dieu me l’a ôté : que son saint nom soit béni ! »

Telle est la vie de Xénophon. C’était, comme le fait observer Diogène de Laërte, un homme remarquable à tous égards : grand amateur de chevaux, passionné pour la chasse, habile tacticien, rempli de piété, sacrificateur zélé, versé dans la connaissance des choses saintes, scrupuleux imitateur de Socrate. Un examen approfondi de ses ouvrages va nous faire connaître encore plus intimement l’écrivain d’élite qui, par un don rare et précieux de la nature, eut, sans parler de son talent d’orateur, de publiciste et d’économiste, la triple gloire d’être tout ensemble philosophe, général, historien.

Pour procéder avec méthode dans cette revue analytique, nous distribuerons les écrits de Xénophon en cinq classes : 1o  Ouvrages de philosophie morale ; 2o  Traités didactiques ; 3o  Œuvres historiques ; 4o  Opuscules politiques et économiques ; 5o  Lettres ; et nous en examinerons successivement chaque division.

I

Les cinq ouvrages philosophiques de Xénophon sont les Mémoires sur Socrate, de l’Économie, l’Apologie de Socrate, le Banquet et Hiéron. On pourrait y joindre l’Éducation de Cyrus ou Cyropédie ; mais, comme le cadre général et quelques-uns des personnages sont historiques, nous en parlerons en son lieu.

Les quatre premiers de ces ouvrages sont exclusivement consacrés au récit de différents traits de la vie de Socrate et à l’exposé de ses doctrines : c’est Socrate reproduit au