Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/254

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— Par où veux-tu, Socrate, que je commence avec toi mes leçons d’agriculture ? Je vois que tu en sais déjà beaucoup plus que ce que j’ai à te dire des procédés agricoles. — Il me semble, Ischomachus, que ce que j’apprendrais le plus volontiers, comme le plus digne d’un philosophe, c’est à façonner la terre de manière à récolter à volonté le plus d’orge et le plus de blé possible. — Sais-tu qu’avant d’ensemencer il faut labourer ? — Oui, lui dis-je. — Eh bien ! si nous commencions le labour en hiver ? — Nous ne trouverions que de la boue. — Et en été, qu’en dis-tu ? — La terre serait trop dure à remuer pour l’attelage. — Le printemps m’a bien l’air du moment favorable pour commencer ce travail. — C’est, en effet, dans cette saison surtout que la terre est plus friable et se prête à la façon. — Et puis, Socrate, l’herbe coupée sert immédiatement d’engrais, sans donner de graine qui la fasse repousser. Or tu sais bien, je pense, que, pour qu’une jachère entre en rapport, il faut qu’elle soit débarrassée des mauvaises herbes et exposée à la pleine chaleur du soleil. — Je suis tout à fait convaincu, repris-je, qu’il en doit être ainsi. — Maintenant, reprit-il, penses-tu qu’on puisse s’y prendre autrement qu’en donnant à son champ le plus de façons possible durant l’été ? — Je sais parfaitement, lui dis-je, qu’il n’y a pas de meilleur moyen pour faire monter les mauvaises herbes à la surface, les dessécher par la chaleur, et exposer la terre au grand soleil, que de la remuer avec l’attelage au cœur de l’été et au milieu du jour[1]. — Et si ce sont des hommes qui labourent la terre à la bêche, n’est-il pas évident qu’ils devront renverser la terre d’un côté et les mauvaises herbes de l’autre ? — Oui, repris-je, et, de plus, les coucher de sorte qu’elles sèchent à la surface du sol, puis remuer la terre pour en recuire la crudité. »



CHAPITRE XVII.


De l’époque des semailles et de l’usage du sarcloir.


« Au sujet de la façon, tu le vois, Socrate, nous sommes tous les deux du même avis. — Oui, lui dis-je. — Maintenant, sur le

  1. Cf. Cicéron dans Nonius : « Nullo modo facilius arbitror posse neque herbas arescere et interfici, neque terram ab sole percoqui. »