Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/329

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de gens aimeraient à s’en faire une étude, et, quand plusieurs ont à cœur un projet utile, il suit nécessairement qu’on en trouve et qu’on en réalise l’application. « Si tu crains, Hiéron, que ce nombre de prix n’augmente tes dépenses, songe qu’il n’est rien qui coûte moins que ce que l’on gagne par cette voie. Tu vois dans les jeux hippiques, gymniques, chorégiques, comment de petits prix produisent de grandes dépenses, de nombreux labeurs, des soins incessants ! »



CHAPITRE X.


À quoi peuvent être employés les mercenaires, et comment les citoyens sont amenés à contribuer à leur entretien.


Alors Hiéron : « Tout ce que tu dis, Simonide, me paraît excellent ; mais pour les mercenaires, m’apprendras-tu à ne point encourir de haine à cause d’eux ? ou bien crois-tu qu’un prince qui a su se faire aimer n’a plus besoin de doryphores ? — Certes, répondit Simonide, il en aura besoin ; car je sais qu’il en est de certains hommes comme des chevaux ; plus ils ont en abondance ce qui leur est nécessaire, plus ils sont rétifs ; rien ne tient mieux en respect ces sortes de gens que la crainte des doryphores. Quant aux bons citoyens, tu ne peux, ce me semble, les obliger plus utilement qu’au moyen des mercenaires. Tu entretiens des soldats, afin qu’ils veillent à la sûreté de ta personne ; mais, comme beaucoup de maîtres ont été tués par leurs esclaves, si tu commences par enjoindre à tes gardes, en leur qualité de doryphores de l’État, de venir en aide à tous les citoyens, dès qu’ils s’apercevront de quelque chose ; et, comme il y a toujours des malfaiteurs dans les villes, si tu enjoins d’avoir l’œil sur eux, on verra bientôt que tes troupes ne sont pas inutiles. Et en outre tes soldats pourront procurer sûreté et tranquillité aux cultivateurs et aux troupeaux, à ceux qui font valoir ton bien ou qui travaillent pour leur compte. Ils peuvent encore donner aux citoyens le loisir de vaquer à leurs affaires, en occupant des postes avantageux. D’ailleurs, qui peut mieux pressentir et arrêter les irruptions soudaines et secrètes des ennemis, que des gens toujours en armes, toujours rangés ? D’autre part qu’y a-t-il,