Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demander. Par ce moyen il prend confiance, et arrive plus sûrement aux allures rapides.

Le cheval aime à courir : la preuve, c’est que, quand il s’échappe, il ne prend point le pas, mais le galop. Il est dans sa nature d’aimer une course rapide, à moins que l’on ne l’y force trop longtemps : passé la mesure, il n’y a de plaisir ni pour l’homme ni pour le cheval.

Lors doncque le cheval arrive à prendre une allure fière, accoutumé d’ailleurs dès les premiers exercices à partir de vitesse après une demi-volte, si, montant un cheval ainsi dressé, le cavalier le retient de la main et lui indique en même temps de partir, alors, retenu par la bride et poussé par les aides, il s’anime, se précipite le poitrail en avant et les jambes en haut, mais sans souplesse, vu que les jambes d’un cheval n’ont jamais de souplesse quand il souffre. Si, au contraire, après lui avoir fait sentir l’éperon, vous lui rendez la main, le peu de tension des rênes lui fait croire qu’il est libre, et, dans le plaisir qu’il en éprouve, il prend une position magnifique, imitant, par le moelleux et la fierté de son allure, le cheval qui fait le beau auprès des autres chevaux. Et alors ceux qui le voient disent que voilà un cheval généreux, dispos, bien dressé, plein de cœur, superbe, à la fois doux et terrible à voir[1]. Si donc il est quelqu’un qui souhaite pareil succès, que cela soit écrit pour lui.



CHAPITRE XI[2].


Du cheval de parade et des moyens de le dresser.


Si vous voulez un cheval de parade qui s’enlève, qui ait de l’éclat, vous n’aurez pas ces avantages de toute espèce de chevaux, mais il en faut un qui réunisse une grande âme à un corps vigoureux[3]. Il y a des gens qui se figurent que tout cheval

  1. On trouvera un commentaire lumineux de ce passage dans l’article Équitation du général Marbot dans le t. XIV de l’Encyclopédie moderne de F. Didot, p. 297.
  2. Ce chapitre est remarquable en ce qu’il nous initie aux qualités qui sont la conséquence de certaines formes extérieures. L. B.
  3. On voit par là que, si Xénophon n’avait ni le don natif ni la science d’équilibrer un cheval défectueux, il le connaissait du moins et pouvait le designer. L. B.