Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieux. On ne peut ni le quitter, ni se lasser de le considérer, quand il se montre ainsi dans tout son éclat. Celui qui a le bonheur de posséder un pareil cheval, phylarque ou commandant de cavalerie, n’ambitionnera pas de briller seul ; il voudra bien plus encore que toute sa suite frappe les regards. Or, s’il marche en tête, monté sur un cheval que tout le monde vante, mais qui, tout en s’enlevant fréquemment de sa hauteur, n’avance que fort peu, il est clair que les chevaux de sa suite ne pourront aller qu’au pas. Et qu’y a-t-il de brillant dans un semblable spectacle ? Si, au contraire, animant votre cheval, vous conduisez votre troupe ni trop vite ni trop lentement, mais en prenant le pas qui convient aux chevaux de grand cœur, pleins de feu et d’un extérieur propre aux manœuvres, si vous marchez ainsi en tête de vos cavaliers, on n’entendra qu’un bruit de pas cadencés, un soufflement et un hennissement collectif, et ce n’est pas vous seulement, mais toute votre troupe, qui offrira un magnifique coup d’œil.

Enfin, si un homme sait bien acheter les chevaux, les élever à supporter la fatigue, les manier avec dextérité dans les exercices militaires, les manœuvres et les combats, quel obstacle y a-t-il à ce qu’il les rende d’un prix bien plus élevé qu’il ne les a reçus, qu’il leur crée une renommée, et qu’il se rende fameux lui-même dans l’équitation, si quelque dieu ne s’y oppose ?



CHAPITRE XII.


De l’armure du cavalier et du jet des javelots[1].


Nous voulons décrire aussi comment doit s’armer celui qui veut, à cheval, s’exposer au danger. Nous disons donc d’abord qu’il doit avoir une cuirasse bien faite pour le corps : justement appliquée, c’est tout le corps qu’elle porte ; trop large, les épaules seules en sont accablées ; trop étroite, c’est une

  1. Nous croyons que le lecteur nous saura gré de rapprocher de ce chapitre un extrait de la Milice et armes de Cl. Fauchet. On verra que l’armure du cavalier et du cheval, telle que la représente Xénophon, se reproduit presque complètement dans celle des chevaliers du moyen âge. « Quant aux hommes de cheval, ils chaussoient des chausses faites de mailles, des espérons à mollettes aussi larges que la paulme de la main… puis endossoient un gobisson. C’estoit un vestement long, iusques sur les cuisses et contre-