Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/376

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campent, dînent, soupent ou se lèvent. En effet, dans toutes ces circonstances, les soldats sont sans armes, peu de temps les hoplites, mais les cavaliers beaucoup plus. On ne cessera pas un instant d’essayer de surprendre les éclaireurs et les postes avancés. On les pose toujours à distance, quelquefois loin du corps d’armée. Quand l’ennemi se sera bien gardé de ce côté, il sera beau, avec l’aide des dieux, de se glisser sur ses campements, après s’être rendu compte de la répartition et de la position des forces ; et, de fait, il n’y a pas de prise plus honorable que l’enlèvement d’une sentinelle. Or, elles sont faciles à tromper, vu qu’elles poursuivent tout ce qui leur paraît en petit nombre, croyant en cela faire leur devoir. Mais, dans les retraites, on prendra garde à ne pas se trouver face à face avec l’ennemi arrivant au secours des siens.


CHAPITRE VIII.


Suite du précédent. — Digression sur les avantages de l’équitation. Retour aux recommandations de détail.


Toutefois, pour parvenir en toute sûreté à faire du mal à une armée beaucoup plus nombreuse, il faut évidemment avoir sur elle une supériorité qui vous fasse paraître forts en équitation militaire, et les ennemis des novices. Or, c’est ce qui aura lieu, si d’abord ceux qui sortent pour marauder, sont tellement rompus au maniement du cheval, qu’ils puissent supporter les travaux de la guerre. Car ceux qui n’y sont point faits, hommes ou chevaux, ne seront que des femmes combattant contre des hommes. Au contraire, ceux qui ont appris et qui se sont habitués à franchir les fossés, à escalader les murs, à galoper par les montées et à descendre hardiment les hauteurs, à se précipiter du haut d’une pente, ceux-là ont sur les hommes qu’on n’a pas formés à ces exercices, l’avantage de l’oiseau[1] sur les animaux terrestres. Enfin, les gens qui, dans les attaques ou dan » les retraites, connaissent les localités, l’emportent autant sur ceux qui les ignorent qu’un clairvoyant sur un aveugle. Il en est de même des chevaux : ceux qui ont le pied durci par les exercices sont aussi supérieurs à ceux qui

  1. Voy. la même idée, Cyropédie, IV, iii, discours de Chrysanias.