Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XI.


De la chasse aux lions, léopards et autres bêtes.


Les lions, les léopards, les lynx, les panthères, les ours et autres bêtes semblables, se prennent dans les contrées étrangères, autour du mont Pangée, sur le Cittus[1], situé au delà de la Macédoine, sur l’Olympe de Mysie, sur le Pinde, sur le Nysa, au delà de la Syrie, et autres montagnes qui peuvent les nourrir. Dans les montagnes, on les prend avec un appât préparé d’aconit, à cause des difficultés du terrain : les chasseurs tendent cet appât, auquel ils mêlent ce qui est du goût de chacune de ces bêtes, le long des eaux ou de tout autre endroit dont elles approchent. Celles d’entre elles qui descendent la nuit dans la plaine y sont entourées de gens à cheval et armés, qui les prennent, mais avec de grands dangers. Il y en a aussi qui creusent profondément de grandes fosses rondes, au milieu desquelles ils laissent une colonne de terre : à la nuit tombante, on y attache une chèvre et l’on pratique autour de la fosse une enceinte de branches qui masquent le piége et n’offrent aucun accès. Les animaux, entendant la nuit la voix de la chèvre, viennent rôder autour de l’enceinte et, ne trouvant aucun passage, s’élancent dedans et sont pris.


CHAPITRE XII.


De l’usage et de l’excellence de la chasse ; c’est l’école de la guerre.


Nous venons d’exposer tous les faits relatifs à la chasse ; elle offre la plus grande utilité aux partisans zélés de cet exercice : ils y développent leur santé, apprennent à mieux voir et à mieux entendre, et oublient de vieillir ; mais c’est avant tout pour eux l’école de la guerre. Et d’abord, ont-ils à traverser en armes des pas difficiles, ils ne perdent point courage, vu leur habitude de la fatigue à la poursuite de la bête. Ensuite, ils sauront

  1. Ou mieux Cissus.