Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/420

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grâce à votre valeur et à votre dévouement, et sur terre et sur mer. » Personne n’ayant rien à leur reprocher, ils restent en fonctions jusqu’à l’arrivée des stratéges qui leur succèdent, Démarque, fils d’Épidocus ; Myscon, fils de Ménécrate ; et Potamis, fils de Gnosias. La plupart des triérarques font serment de les faire rappeler en arrivant eux-mêmes à Syracuse, les comblent d’éloges et les laissent se retirer où ils veulent. Ceux surtout qui avaient été particulièrement liés avec Hermocrate le regrettaient à cause de son activité, de son zèle, de son humeur affable ; chaque jour, en effet, matin et soir, il réunissait près de sa tente ceux qu’il savait les plus distingués des triérarques, des pilotes et des épibates, leur communiquait ce qu’il avait l’intention de dire ou de faire, et leur apprenait à parler, en les contraignant tantôt à s’exprimer sans préparation, tantôt après avoir médité. Par là Hermocrate avait acquis une grande considération dans le conseil ; il était regardé comme parlant le mieux et donnant les meilleurs avis. Comme il avait accusé Tissapherne à Lacédémone[1], et que son accusation, soutenue par le témoignage d’Astyochus, avait paru fondée, Hermocrate se rend auprès de Phamabaze, qui lui offre de l’argent avant même qu’il en demande, et il rassemble des troupes mercenaires et des trirèmes pour retourner à Syracuse. Sur ces entrefaites, les successeurs des stratéges syracusains arrivent à Milet, où ils prennent le commandement des vaisseaux et de l’armée.

Vers le même temps il se déclare à Thase une sédition dans laquelle les partisans de Lacédémone et l’harmoste lacédémonien Étéonicus ont le dessous. Le Lacédémonien Pasidippas, accusé de l’avoir préparée avec Tissapherne, est exilé de Sparte ; et, comme il avait réuni la flotte des alliés, on envoie Cratésippidas pour en prendre le commandement : celui-ci la trouve à Chios.

À la même époque et pendant que Thrasyllus est à Athènes, Agis fait une sortie de Décélie[2] et vient fourrager jusqu’aux murailles mêmes des Athéniens. Thrasyllus sort à la tête des Athéniens et de tous les étrangers qui sont dans la ville, et range ses troupes le long du gymnase du Lycée, prêt à aller combattre, si les ennemis s’avancent. À cette vue, Agis se re-

  1. L’année précédente. Cf. Thucydide, VIII, LXXXV.
  2. Entre Athènes et les frontières de la Béotie. C’était un poste fort important, d’où les Lacédémoniens inquiétaient beaucoup les Athéniens et tous ceux qui se rendaient à Athènes.