Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/474

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postés sur les tours, reconnaissant Midias avec lui, ne lancent aucun trait. Alors Dercyllidas : « Midias, dit-il, fais ouvrir les portes pour me conduire, et pour que j’aille avec toi au temple, où je sacrifierai à Minerve. » Midias hésite à faire ouvrir les portes ; mais, craignant d’être arrêté sur-le-champ, il les fait ouvrir. Aussitôt après qu’il est entré dans la ville, Dercyllidas, toujours suivi de Midias, marche à l’attaque, recommande aux soldats de se tenir sous les armes le long des murs, pendant que lui-même avec sa suite offrira son sacrifice à Minerve. Le sacrifice achevé, il ordonne aux gardes de Midias de se ranger en armes devant le front de l’armée ; ils devaient être désormais à sa solde, puisque Midias n’avait plus rien à craindre ; mais Midias, embarrassé et ne sachant que faire : « Je m’en vais, maintenant, dit-il, pour me préparer à mes devoirs d’hospitalité. — Mais non, par Jupiter ! répond Dercyllidas, je rougirais de recevoir de toi l’hospitalité, quand je viens de faire un sacrifice ; c’est à moi d’être ton hôte. Reste donc avec nous. Seulement, pendant qu’on prépare le repas, examinons, toi et moi, ce que nous avons à faire réciproquement qui soit conforme à la justice. »

Quand ils sont assis, Dercyllidas l’interrogeant : « Réponds-moi, dit-il, Midias, ton père t’a laissé maître de ce que tu possèdes ? — Assurément, répondit-il. — Combien avais-tu de maisons, combien de champs, combien de pâtures ? » Midias les ayant énumérés, les Skepsiens présents s’écrient : « Cet homme est un menteur, Dercyllidas ! — Et vous, leur dit celui-ci, ne soyez pas si pointilleux. » Quand il a détaillé tout son héritage : « Dis-moi, reprend Dercyllidas, de qui dépendait Mania ? » Tout le monde s’écrie : « De Pharnabaze ! — Et par conséquent, tout ce qu’elle avait était à Pharnabaze ? — Assurément, répond-on. — Ce serait donc maintenant à nous, puisque nous sommes les maîtres et que Pharnabaze est notre ennemi. Mais que l’on me conduise, ajoute-t-il, où sont les biens de Mania et de Pharnabaze. » On le conduit à l’habitation de Mania, dont Midias avait pris possession ; ce dernier le suit. Aussitôt que Dercyllidas est entré, il appelle les intendants et les fait saisir par ses serviteurs, en leur déclarant que, si l’on découvre qu’ils ont dérobé quelque chose de ce qui était à Mania, ils seront égorgés sur-le-champ, ils montrent tout ce qu’il y a. Dercyllidas s’assure de tout, fait fermer la maison, y appose son sceau et y établit des gardes. En sortant, il dit aux taxiarques et aux lochages placés à la porte :