les dernières files de droite, exposant leur flanc sans défense aux coups des Lacédémoniens, sont massacrées. Le reste, qui s’était réuni auprès du mur, se retire en grand tumulte vers la ville, lorsqu’il rencontre les exilés corinthiens qu’il reconnaît pour des ennemis, et qu’il veut éviter encore en se détournant de nouveau. Les uns montent alors par des échelles et se tuent en sautant du haut du mur, les autres sont tués au pied même des échelles autour desquelles ils étaient pressés et frappés, les autres sont foulés aux pieds ou étouffés par leurs propres compagnons.
Les Lacédémoniens ne manquaient pas de monde à tuer, car la divinité leur accorda en ce moment un succès qu’ils n’auraient jamais pu espérer. Comment, en effet, cette multitude d’ennemis livrée à leur merci, pleine d’effroi, frappée de stupeur, découverte à leurs coups, entraînée tout entière à combattre, et s’aidant de tous ses efforts à sa perte, n’eût-elle pas paru poussée par une force divine ? Aussi, dans un court espace de temps, il en tomba un si grand nombre, que les hommes accoutumés à ne voir que des monceaux de blé, de bois ou de pierres, purent voir des monceaux de cadavres. Les gardes béotiens, postés dans le port, sont aussi massacrés, les uns sur les murs, les autres sur les toits des chantiers où ils sont montés. Après cette action, les Corinthiens et les Argiens obtiennent une trêve pour relever les morts ; les alliés des Lacédémoniens arrivent alors, et, dès que toutes les troupes sont réunies, Praxitas songe d’abord à abattre un espace suffisant des murs pour donner passage à une armée ; puis il se met à la tête de ses troupes et les conduit dans la direction de Mégare. Il prend d’assaut Sidonte, puis Crommyone[1], et, après avoir établi des garnisons, il revient en arrière. Il fortifie Épiécie, afin que les alliés aient une forteresse avancée pour protéger les pays amis ; après quoi, il licencie son armée et retourne lui-même à Lacédémone.
Dès lors des expéditions importantes se font de part et d’autre : les États envoient des garnisons, les uns à Corinthe, les autres à Sicyone, pour en garder les fortifications ; les deux partis avaient des mercenaires, au moyen desquels ils continuaient la guerre avec vigueur.
Iphicrate envahit alors le territoire de Phlionte, et se tenant en embuscade, pendant qu’il fait ravager le pays par un petit
- ↑ Bourg et place de la campagne de Corinthe.