Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/538

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éveiller l’attention, les céleustes, au lieu de se servir de la voix, frappent des cailloux l’un sur l’autre, et l’on rame sans bruit. Lorsque les vaisseaux d’Eunome sont arrivés près du rivage de l’Attique, non loin du Zoster, Gorgopas donne avec la trompette le signal de l’attaque. Le désordre régnait dans les vaisseaux d’Eunome ; les uns débarquaient déjà, tandis que d’autres étaient occupés à jeter l’ancre, et que quelques-uns naviguaient encore : le combat a lieu au clair de la lune ; Gorgopas s’empare de quatre trirèmes, qu’il attache derrière les siennes, et les emmène à Égine : les autres vaisseaux athéniens s’enfuient au Pirée.

Après ces événements, Chabrias part pour Cypre, afin de secourir Évagoras, avec huit cents peltastes et dix trirèmes. Il prend encore à Athènes quelques vaisseaux et des hoplites, vient de nuit aborder dans l’île d’Egine, et se met en embuscade avec les peltastes dans un endroit creux, à une certaine distance du temple d’Hercule. Au point du jour, comme il était convenu, les hoplites athéniens arrivent sous la conduite de Déménétras et s’avancent jusqu’à l’endroit nommé Tripyrgia, environ seize stades au delà du temple d’Hercule. Gorgopas, en ayant reçu la nouvelle, se porte à la rencontre de l’ennemi avec les Éginètes, les soldats de sa flotte, et huit Spartiates qui se trouvent auprès de lui. Il fait aussi savoir aux équipages de ses vaisseaux, que tous ceux qui sont de condition libre aient à le suivre ; il y a aussi un grand nombre de ces gens qui marchent à l’ennemi avec les premières armes qu’ils peuvent trouver. Quand les premiers rangs ont dépisté l’embuscade, Chabrias et les siens s’élancent sur eux et les accablent aussitôt de traits et de flèches : les hoplites descendus des vaisseaux surviennent en ce moment. L’avant-garde, dont Gorgopas et les Lacédémoniens font partie, et qui ne présente aucune masse serrée, est bientôt massacrée : ceux-là tués, tout le reste prend la fuite ; cent cinquante Éginètes environ restent sur la place, et il ne périt pas moins de deux cents hommes, tant des mercenaires que des métèques et des matelots qui avaient pris part à cette sortie. Après ce succès, les Athéniens peuvent tenir la mer comme en pleine paix : en effet, les matelots, ne recevant point de paye d’Étéonicus, refusent de le servir, quoiqu’il veuille les y contraindre.

Sur ce point, les Lacédémoniens envoient de nouveau Téleutias prendre le commandement de ces vaisseaux ; les matelots, en le voyant arriver, sont au comble de la joie : il les convo-