Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/557

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s’être décidés à livrer à discrétion la ville aux magistrats des Lacédémoniens. Mais Agésilas, irrité de ce qu’ils ne lui accordent aucun pouvoir, trouve moyen par ses amis de Sparte d’obtenir qu’on le laisserait décider du sort de Phlionte, d’accorder ensuite passage à la députation. Toutefois les gardes sont encore redoublées, afin que personne ne puisse sortir de la ville. Malgré ces précautions, Delphion et avec lui un esclave stigmatisé, qui avait soustrait une quantité d’armes considérable aux assiégeants, parviennent à s’échapper de nuit. Lorsque les députés sont revenus de Sparte, avec la nouvelle que la ville s’en remet à Agésilas pour statuer à son gré sur le sort des Phliasiens, Agésilas décrète d’abord que cinquante des exilés et cinquante hommes de la ville décideront quels sont dans la ville les gens qui méritent la vie sauve ou la mort ; ensuite il établira les lois d’après lesquelles ils seront gouvernés. En attendant l’exécution de ses volontés, il laisse une garnison dans la ville avec une solde de six mois ; après quoi, il licencie les alliés et ramène chez eux ses concitoyens. Ainsi se termine l’expédition de Phlionte, après une durée d’un an et huit mois.

Polybiade, de son côté, pressait vivement les Olynthiens, qui avaient beaucoup à souffrir de la famine, attendu qu’ils ne pouvaient recevoir par terre ni introduire par mer aucun approvisionnement : il les force à envoyer à Lacédémone pour traiter de la paix. Les députés qui s’y rendent, munis de pleins pouvoirs, concluent un traité par lequel ils s’engagent à avoir les mêmes amis et les mêmes ennemis que les Lacédémoniens, à les suivre partout où ceux-ci les conduiront et à être leurs alliés. Ils jurent de rester fidèles à ces conditions, et retournent dans leur patrie.

Les Lacédémoniens avaient alors une situation brillante : les Thébains et le reste des Béotiens leur étaient entièrement soumis, les Corinthiens dévoués, les Argiens humiliés, depuis que le prétexte des mois sacrés leur était devenu inutile, les Athéniens abandonnés ; ils avaient, en outre, châtié leurs alliés infidèles : aussi paraissaient-ils avoir établi un empire glorieux et assuré.