Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/585

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ravager les moissons de ceux dont vous avez reçu les premières semences, et que nous, nous ne puissions souhaiter de voir dans la plus grande abondance de grains ceux à qui nous les avons donnés ? Mais si les dieux ont décidé qu’il y ait des guerres parmi les hommes, il faut que nous mettions la plus grande lenteur à les commencer, et, quand elles existent, la plus grande promptitude à les terminer. »

Après lui, Autoclès, orateur réputé pour sa précision, parle en ces termes :

« Citoyens Lacédémoniens, ce que je vais dire ne sera pas fait pour vous flatter, je ne l’ignore pas. Mais il me semble que ceux qui veulent voir durer le plus longtemps possible l’amitié qu’ils vont contracter, doivent s’apprendre les uns aux autres les causes de leurs guerres. Pour vous, vous dites bien que les villes doivent être indépendantes, mais vous mettez vous-mêmes le plus grand obstacle à leur indépendance ; car vous imposez aux villes alliées comme première condition de vous suivre partout où vous les conduirez. Et cependant, comment cela s’accorde-t-il avec l’indépendance ? Vous vous faites des ennemis sans le consentement de vos alliés, que vous faites ensuite marcher contre eux ; de sorte que ceux qui sont soi-disant indépendants, sont souvent forcés de marcher contre leurs meilleurs amis. Mais ce qui est encore bien plus l’opposé de l’indépendance, c’est le fait que vous établissez partout des gouvernements de dix ou de trente hommes, et que vous veillez, non pas à ce que ces chefs gouvernent suivant les lois, mais à ce qu’ils aient la force de contenir les villes, en sorte que vous avez l’air de voir des tyrannies avec plus de plaisir que des gouvernements libres. Puis, lorsque le roi a prescrit que les villes fussent indépendantes, vous avez bien su reconnaître et proclamer que les Thébains, s’ils ne laissaient pas chaque ville se gouverner elle-même et d’après les lois qu’elle entendrait, n’agiraient point selon les prescriptions du roi ; mais, lorsque vous avez pris la Cadmée, vous n’avez pas même permis aux Thébains de conserver leur indépendance. Il ne faut pas que ceux qui vont contracter une amitié prétendent obtenir des autres pleine justice, tandis qu’ils s’abandonnent ouvertement à leur ambition. »

Ce discours, suivi d’un silence général, est accueilli avec joie par ceux qui avaient des griefs contre les Lacédémoniens. Après Autoclès, Callistrate prend la parole : « Qu’il n’y ait pas eu, Lacédémoniens, de fautes commises de notre côté