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CHAPITRE IV.


Cléombrote en Béotie. — Bataille de Leuctres. — Effet de cette bataille à Spartes et à Athènes. Jason fait conclure une trêve. — Ses plans, sa mort. — Événements de Thessalie.


(Avant J. C. 371, 370, 369.)


Là-dessus les Athéniens retirent les garnisons des villes, rappellent Iphicrate et la flotte, et le contraignent à rendre tout ce qu’il a pris depuis que les serments ont été prêtés aux Lacédémoniens. Cependant les Lacédémoniens retirent les harmostes et les garnisons de toutes les villes, à l’exception de Cléombrote, qui commandait l’armée en Phocide. Lorsqu’il fait demander aux magistrats de sa patrie ce qu’il doit faire, Prothoüs dit qu’à son avis on doit licencier l’armée conformément aux serments, et faire dire aux villes de déposer dans le temple d’Apollon chacune la somme qu’elle voudrait pour sa part ; qu’ensuite, si quelqu’un se refusait à reconnaître l’indépendance des villes, il faudrait réunir de nouveau tous ceux des alliés qui voudraient protéger cette indépendance, et marcher contre les opposants : c’était en effet, pensait-il, la manière de se rendre les dieux le plus favorables, et d’indisposer le moins les villes. Mais l’assemblée, après avoir entendu son avis, considéra tout ce qu’il dit comme du bavardage : c’était déjà, à ce qu’il parut, un mauvais génie qui la menait. On fit dire à Cléombrote de ne pas licencier son armée, mais de marcher droit sur les Thébains, s’ils ne reconnaissaient pas l’indépendance des villes. Lorsque Cléombrote apprend que la paix est faite, il envoie demander aux éphores ce qu’il doit faire ; ceux-ci lui ordonnent de marcher sur les Thébains, s’ils ne reconnaissent pas l’indépendance des villes en Béotie.

Lors donc qu’il voit que, loin de rendre les villes à la liberté, ils ne licencient pas leur armée afin de l’opposer aux Lacédémoniens, il conduit les troupes en Béotie. Il y avait un chemin par lequel les Thébains s’attendaient à le voir entrer : c’était du côté de la Phocide, par un certain défilé qu’ils gardaient ; mais il s’avance à l’improviste à travers le pays montagneux de Thisbé, arrive à Creusis, prend cette ville forte, et s’empare de douze trirèmes thébaines. Après quoi, il s’éloigne