brote avait tenu le dernier conseil au sujet du combat, à midi ; on avait passablement bu, et le vin, dit-on, avait un peu monté les têtes. Lorsque les deux partis se sont armés et que la bataille est imminente, les marchands et quelques skeuophores, ainsi que ceux qui ne voulaient pas se battre, se préparent à s’éloigner de l’armée béotienne ; mais les mercenaires, sous le commandement de Hiéron, et les peltastes phocéens avec les cavaliers héracléotes et phliasiens, font un circuit, et fondent sur eux au moment où ils s’éloignent, les mettant en fuite et les poursuivant du côté du camp des Béotiens ; de sorte qu’ils rendent l’armée béotienne beaucoup plus forte et beaucoup plus nombreuse qu’elle ne l’était auparavant. Ensuite, comme c’était une plaine qui s’étendait entre les deux partis, les Lacédémoniens établissent leur cavalerie en avant de leur phalange, et les Thébains déploient la leur en face. Mais la cavalerie des Thébains était une troupe exercée par la guerre avec les Orchoméniens et par celle avec les Thespiens, tandis qu’à cette époque les Lacédémoniens avaient une cavalerie détestable. C’étaient, en effet, les plus riches citoyens qui élevaient les chevaux ; et, quand on annonçait une campagne, chaque homme désigné arrivait, prenant le cheval et les armes qu’on lui donnait, et partait immédiatement. En outre, c’étaient les soldats les plus faibles de corps et les moins désireux de s’illustrer qui se trouvaient à cheval. Telle était la cavalerie des deux côtés. Quant aux corps d’armée, on dit que les Lacédémoniens mirent les énomoties[1] sur trois files, de sorte que cela ne leur faisait pas plus de douze hommes de hauteur. Les Thébains, au contraire, étaient agglomérés sur une profondeur de cinquante boucliers, calculant que, s’ils battaient le corps du roi, ils seraient facilement maîtres de tout le reste.
Lorsque Cléombrote commença le premier mouvement contre les ennemis, avant même que son armée se fût aperçue qu’on marchait en avant, la cavalerie des deux partis en était déjà aux mains, et celle des Lacédémoniens avait été promptement mise en déroute ; en fuyant, les cavaliers tombent sur leurs propres hoplites, chargés en outre par les loches des Thébains. Cependant la supériorité que le corps de Cléombrote commença par avoir au début de la bataille, est prouvée par un témoignage positif : c’est qu’on n’aurait pas pu le rele-
- ↑ Compagnies de 25 hommes.