mien ? Mais, par Jupiter ! dira-t-on, il est venu librement. Eh quoi ! celui qui l’aurait tué loin de votre ville aurait mérité des éloges, et maintenant qu’il est revenu pour augmenter le nombre des maux qu’il vous a déjà faits, on pourrait dire qu’il n’a pas mérité son sort ? Où me montrer chez les Grecs des traités qui favorisent les traîtres, les déserteurs ou les tyrans ? Rappelez-vous, d’ailleurs, que vous avez décrété l’extradition des bannis entre tous les États alliés. Peut-on dire qu’il n’a pas mérité la mort, le banni qui rentre dans sa patrie sans une décision générale des alliés ? Pour moi, je prétends, citoyens, que, si vous me mettez à mort, vous aurez vengé votre plus grand ennemi ; mais que, si vous proclamez la justice de ma conduite, vous aurez vengé, aux yeux de tout le monde, vos propres injures et celles de tous vos alliés. »
Les Thébains, après avoir entendu ce discours, décrètent qu’Euphron a subi le sort qu’il mérite. Ses concitoyens[1] cependant emportent son corps comme celui d’un homme de bien, et l’enterrent sur l’agora, où ils le révèrent comme fondateur de leur ville[2]. Ainsi, ce semble, le gros des hommes donnent à leurs bienfaiteurs le nom de gens de bien.
CHAPITRE IV.
Voilà ce que j’avais à dire sur Euphron. Je reprends maintenant mon récit où je l’avais laissé. Les Phliasiens étaient encore à fortifier Thyamia, et Charès se trouvait encore auprès, d’eux, lorsque les exilés s’emparent d’Orope[3]. Tous les Athéniens marchent alors contre cette place, et font venir Cha-