Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/633

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conduit à Cromnus, et amenait ses troupes, marchant deux à deux, comme cela s’était trouvé. Les deux armées se rapprochent ; celle d’Archidamus rangée par file, à cause de la route qu’elle avait suivie, les Arcadiens formant un corps serré de boucliers. Les Lacédémoniens ne peuvent résister au nombre des Arcadiens. Bientôt Archidamus a la cuisse percée de part en part, bientôt succombent ceux qui combattent devant lui, Polyénidas, Chilon, qui avait épousé la sœur d’Archidamus ; et le nombre de ceux qui périssent à cet endroit ne s’élève pas à moins de trente. Les Lacédémoniens se retirent donc par le chemin, et, aussitôt qu’ils arrivent à un endroit plus large, ils se déploient et font face à l’ennemi. Les Arcadiens toutefois restent serrés comme ils étaient, et, bien qu’inférieurs en nombre, ils sont animés de la plus vive ardeur, vu qu’ils poursuivent une troupe qui se retire et à laquelle ils ont tué du monde. Pour les Lacédémoniens, ils avaient perdu tout courage, en voyant Archidamus blessé et en apprenant les noms des morts, qui étaient tous parmi les braves et généralement les plus illustres citoyens. Les deux armées se trouvant rapprochées, un des plus âgés s’écrie : « Qui nous force à combattre, soldats ? Pourquoi ne pas faire une trêve et cesser la guerre ? » Les deux partis accueillent ces paroles avec plaisir et l’on fait une trêve. Les Lacédémoniens s’en vont après avoir relevé leurs morts, et les Arcadiens, en se retirant, élèvent un trophée à l’endroit où ils avaient commencé la première charge.

Pendant que les Arcadiens sont occupés à Cromnus, les citoyens d’Élis marchent d’abord contre Pylos et rencontrent les Pyliens qui avaient été repoussés de Thalames[1]. Aussitôt que les cavaliers éléens qui s’avançaient les aperçoivent, ils fondent sur eux sans balancer et en tuent une partie ; d’autres se réfugient sur une éminence. Mais l’infanterie arrive, culbute ceux qui s’étaient établis sur la hauteur, tue les uns et fait les autres prisonniers, au nombre de près de deux cents. Tout ce qu’il y avait de mercenaires parmi ceux-ci est vendu, tout ce qu’il y a d’exilés est égorgé. Après cela ils réduisent les Pyliens, qui ne recevaient plus aucun secours, s’emparent de leur place même et reprennent Marganes.

Les Lacédémoniens cependant, quelque temps après, étant venus de nuit à Cromnus, s’emparent du retranchement et appellent aussitôt à eux les Argiens et les Lacédémoniens

  1. Bourg voisin de Pylos.