Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/638

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rend à Lacédémone des députés des Éparites, chargés d’engager les Lacédémoniens à vouloir bien repousser en commun quiconque viendrait pour asservir le Péloponèse. Quant à l’hégémonie, il est convenu dès lors que chaque peuple exercera le commandement dans son pays.

Pendant ces négociations, Épaminondas était sorti, suivi de tous les Béotiens, d’Eubéens et de nombreux Thessaliens envoyés par Alexandre[1] et par les adversaires de ce tyran. Les Phocéens toutefois ne marchent point avec lui, alléguant les traités, qui, disent-ils, leur enjoignent de secourir Thèbes, si elle est attaquée, mais non de faire une expédition contre d’autres États. Épaminondas cependant ne doute pas que, dans le Péloponèse même, les Argiens et les Messéniens ne viennent se joindre à lui, de même que ceux des Arcadiens qui sont pour Thèbes. C’étaient les Tégéates, les Mégalopolitains, les Aséates, les Palantins, et toutes les villes auxquelles leur petitesse et leur position au milieu de ces États ne laissaient pas de choix.

Épaminondas part en toute hâte. Arrivé à Némée, il y demeure dans l’espérance de surprendre les Athéniens à leur passage ; il comptait que ce serait d’un grand poids pour redoubler l’ardeur de ses alliés et pour jeter ses adversaires dans le découragement ; il pensait, pour le dire en un mot, que tout revers des Athéniens était un bien pour Thèbes. Pendant le séjour qu’il fait là, tous les États coalisés se rassemblent à Mantinée. Cependant, lorsque Épaminondas apprend que les Athéniens ont renoncé à passer par terre et se préparent à envoyer sur mer et par la Laconie leurs secours aux Arcadiens, il part de Némée et arrive à Tégée. Je ne pourrais pas dire qu’il ait été heureux pendant son commandement ; mais dans ce qui est l’œuvre de la prudence et de l’audace, cet homme ne me parait avoir rien laissé à désirer. Je commencerai par le louer d’avoir installé son camp dans les murs de Tégée, ce qui lui donnait une position plus sûre que s’il campait au dehors, et lui permettait de mieux cacher ses dispositions aux ennemis et de se procurer plus facilement dans la ville ce dont il avait besoin. Il pouvait, en outre, voir les autres campés dehors et juger de ce qu’ils faisaient de bien ou de mal. Quoiqu’il se crut plus fort que l’ennemi, il n’allait point l’attaquer, s’il lui croyait l’avantage du terrain. Cependant, voyant qu’au-

  1. Tyran de Phères ; voy. plus haut livre VI, iv.