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CHAPITRE IV.


Arrivée aux frontières des Mossynèques. — Ils s’opposent au passage de l’armée grecque. — Ils sont battus. — Mœurs de ce peuple.


Les premiers arrivés par mer à Cérasonte en partent de même : le reste suit par terre. On arrive aux frontières des Mossynèques[1] ; on députe Timésithée de Trapézonte, proxène des Mossynèques, pour leur demander si l’on. va marcher en pays ami ou ennemi. Ils répondent qu’ils ne souffriront point le passage : ils se fiaient à leurs places. Timésithée raconte alors aux Grecs que ces peuplades sont en guerre avec celles de l’autre côté du pays. On juge à propos d’inviter celles-ci à une alliance offensive contre les autres. Timésithée y est député et ramène les chefs avec lui. Quand ils ont arrivée, les chefs des Mossynèques se réunissent avec les stratèges grecs, et Xénophon leur parle ainsi, Timésithée servant d’interprète : « Mossynèques, nous voulons retourner en Grèce par terre, attendu que nous n’avons pas de vaisseaux. Nous trouvent un obstacle dans ceux de vous que nous savons être vos ennemis. Si vous voulez, vous pouvez, en vous alliant avec nous, vous venger et les soumettre pour toujours à votre obéissance. Songez que, si vous ne voulez pas de nous, vous ne retrouverez plus pour auxiliaire une armée telle que la nôtre. » Le chef des Mossynèques répond qu’ils adhèrent à tout cela et qu’ils veulent bien de l’alliance, « Eh bien ! voyons, dit Xénophon ; à quoi nous emploierez-vous, si nous devenons vos alliés, et de votre côté, que ferez-vous pour nous aider à poursuivre notre marche ? » Ils répondent : « Nous sommes en mesure d’attaquer à revers le pays de ceux qui sont vos ennemis et les nôtres, et de vous envoyer ici des vaisseaux et des hommes qui combattront pour vous et vous guideront en chemin. »

Ils repartent ensuite, après avoir donné et reçu des gages de foi. Le lendemain, ils reviennent amenant trois cents canots, chacun d’un seul tronc d’arbre, et portant chacun trois hommes, dont deux débarquent et se mettent en ordre de

  1. C’est-à-dire habitants de Mossynes. Dans la langue de ces peuples, mossyne signifie tour de bois. Cf. Strabon, XII.