Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/177

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marchent en tête, les peltastes suivent, et les cavaliers forment l’anière-garde. Dès qu’il est jour, Seuthès gagne le front et applaudit à l’usage grec : « Souvent, dit-il, il m’est arrivé, dans des marches nocturnes, de me séparer de l’infanterie avec les cavaliers. Maintenant, à la pointe du jour, nous nous retrouvons comme il le faut, tous ensemble et en ordre. Mais attendez-moi ici, et reposez-vous. Je vais aller reconnaître le pays. » À ces mots il s’élance par un chemin à travers la montagne. Arrivé à un endroit couvert de neige, il examine s’il découvrira sur le chemin des traces d’hommes venant de son côté ou allant en sens inverse. Voyant que la route n’est point frayée, il revient promptement et dit : « Tout ira bien, compagnons, s’il plaît à Dieu. Nous allons surprendre nos hommes. Je vais me mettre à la tête de la cavalerie pour empêcher que, si nous voyons quelqu’un, il ne s’enfuie et n’avertisse les ennemis : vous, vous suivrez : si vous restez en arrière, la trace des chevaux vous mettra sur la voie. Quand nous aurons passé les montagnes, nous arriverons à des villages nombreux et opulents. »

On était au milieu du jour, lorsque, arrivé au haut des montagnes, et voyant à ses pieds les villages, Seuthès accourt au galop vers les hoplites et leur dit : « Je vais faire descendre rapidement les cavaliers dans la plaine et les peltastes dans les villages. Suivez le plus vite possible, pour appuyer, s’il y a quelque résistance. » En entendant ces mots, Xénophon descend de cheval ; Seuthès lui dit : « Pourquoi descends-tu, quand il faut se hâter ? — Je sais, dit Xénophon, que tu n’as pas besoin de moi seul ; les hoplites courront de meilleur cœur, quand je les conduirai moi-même à pied. »

Seuthès s’éloigne alors, et avec lui Timasion suivi d’une quarantaine de cavaliers grecs. Xénophon, de son côté, ordonne aux soldats âgés de trente ans de sortir des loches ; puis il s’élance au pas de course, suivi de son détachement. Cléanor conduit le reste des Grecs. Arrivés aux villages, Seuthès vient au galop avec environ trente chevaux, et dit : « Il est arrivé, Xénophon, ce que tu disais : les habitants sont pris, mais les cavaliers m’ont laissé là et se sont dispersés à la poursuite dans tous les sens. J’ai peur que les ennemis ne se rallient quelque part et ne leur fassent du mal. Et puis, il faut laisser de notre monde dans les villages, vu qu’ils sont pleins d’habitants. — Eh bien, dit Xénophon, je vais, avec les hommes que j’ai, m’emparer des hauteurs. Pour toi, dis à Cléanor d’étendre sa phalange dans la