Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/238

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mis ne viennent-ils pas ? — Par Jupiter, ils sont venus, et en grand nombre encore. — Comment le sait-on ? — Beaucoup de gens qui arrivent de là disent tous la même chose, chacun à sa manière. — Il nous faut donc combattre contre ces hommes-là ? — Il le faut. — Dis-moi, reprend Cyrus, à combien peuvent se monter leurs troupes et les nôtres, afin que, quand nous le saurons, nous puissions prendre les mesures propres à nous assurer le succès. — Écoute-moi donc, dit Cyaxare. Crésus, roi de Lydie, a, dit-on, dix mille cavaliers, et un peu plus de quarante mille peltastes et archers. Artamas, gouverneur de la grande Phrygie, amène, dit-on, huit mille chevaux, et environ quarante mille peltastes et lanciers. Aribée, roi des Cappadociens, amène six mille cavaliers, et au moins trente mille archers et peltastes. L’Arabe Maragdus conduit dix mille cavaliers, cent chars, et je ne sais combien de frondeurs. Quant aux Grecs d’Asie, on ne sait pas au juste s’ils suivront. Mais ceux qui occupent la partie de la Phrygie voisine de l’Hellespont doivent joindre dans la plaine du Caystre les troupes de Gabée, qui peut avoir six mille chevaux et vingt mille peltastes. On dit que les Cariens, les Ciliciens, les Paphlagoniens, ne veulent pas répondre à l’appel. Pour l’Assyrien, le roi de Babylone, qui est maître du reste de l’Assyrie, doit amener, je le présume, au moins vingt mille cavaliers ; ses chars, je le sais, sont au moins deux cents : et il a, je le crois, un grand nombre de fantassins ; c’est là son habitude, quand il fait invasion chez nous.

— D’après ce que tu dis, reprend Cyrus, les ennemis ont soixante mille cavaliers, et plus de vingt myriades de peltastes et d’archers. Voyons maintenant, quel est, dis-tu, le nombre de tes troupes ? — J’ai plus de dix mille cavaliers mèdes : pour les peltastes et les archers, notre pays en fournira au moins soixante mille. Les Arméniens, nos voisins, viendront avec quatre mille cavaliers et vingt mille hommes de pied. — D’après ce que tu dis, il s’en faut de plus des deux tiers que tu aies autant de cavalerie que les ennemis, et à peine as-tu la moitié de leur infanterie. — Eh quoi, dit Cyaxare, pour combien comptes-tu donc les Perses que tu dis nous amener ? — Si nous avons besoin de monde, ou non, dit Cyrus, nous en parlerons une autre fois. Mais commence par me dire quelle est la façon de combattre de chacune de ces nations. — C’est à peu près la même que celle de tout le monde : car ils ont des archers et des porteurs de javelots comme les nôtres. — Avec ces armes-là, dit Cyrus, on est forcé de combattre de loin. — On y est forcé, dit