CHAPITRE II.
Sur ces entrefaites, il arrive à Cyrus, comme par une faveur divine, des envoyés des Hyrcaniens. Les Hyrcaniens sont limitrophes des Assyriens ; c’est une nation peu nombreuse, et voilà pourquoi les Assyriens l’avaient assujettie. Elle passait et passe encore pour avoir d’excellents cavaliers. Aussi les Assyriens s’en servaient-ils comme les Lacédémoniens des Scirites[1], ne les ménageant ni dans les travaux, ni dans les dangers. En ce temps même ils avaient placé à la queue de l’arrière-garde près de mille cavaliers, afin que, s’il y avait une attaque sur leurs derrières, ils en eussent le premier choc. Les Hyrcaniens marchaient aussi les derniers de l’armée, ayant avec eux leurs chariots et leurs familles : car c’est ainsi que la plupart des nations asiatiques vont en guerre avec tout leur domestique ; et les Hyrcaniens faisaient ainsi. Réfléchissant donc à ce qu’ils souffraient de la part des Assyriens, considérant que le chef de ces derniers était mort, qu’ils étaient défaits, que la terreur était générale dans leur armée, que leurs alliés étaient découragés et les abandonnaient, pensant à tout cela et jugeant l’occasion favorable pour quitter leur parti, au cas où Cyrus voudrait attaquer leur ennemi avec eux, ils envoient des députés à Cyrus, dont le nom avait singulièrement grandi depuis la bataille.
Les envoyés exposent à Cyrus les motifs de leur haine légitime contre les Assyriens, et lui offrent, s’il veut marcher, de lui servir d’alliés et de guides. En même temps, ils lui expliquent en détail la situation des ennemis, dans l’intention de l’exciter fortement à une expédition. Cyrus leur fait cette demande : « Pensez-vous que nous puissions les atteindre avant qu’ils aient gagné leurs forteresses ? Car nous regardons comme un rêve qu’ils nous aient échappé à notre insu. » Or, en di-
- ↑ Alliés de Sparte, dont il sera plus amplement question dans le Gouvernement des Lacédémoniens.