CHAPITRE III.
Après quatre jours de marche, on arrive aux limites du pays de Gobryas. Aussitôt qu’il est en pays ennemi, Cyrus fait faire halte, et demeure en bataille à la tête de l’infanterie et d’une troupe de cavalerie qui lui paraît propre à ses desseins. Il envoie le reste des cavaliers battre la campagne, avec ordre de tuer tout ce qui a des armes et de lui amener les autres avec le bétail qu’on prendrait. Il commande aux Perses d’accompagner ces cavaliers : beaucoup reviennent, après avoir été culbutés de leurs chevaux ; beaucoup rentrent, amenant un grand butin.
Pendant qu’on en fait l’inventaire, Cyrus convoque les chefs des Mèdes et ceux des Hyrcaniens, ainsi que les homotimes, et leur parle ainsi : « Mes amis, Gobryas nous a donné à tous une généreuse hospitalité. Si donc, après avoir choisi pour les dieux la portion qui leur est affectée, et pour l’armée une autre part raisonnable, nous abandonnons le surplus à Gobryas, n’agirons-nous pas convenablement, et ne montrerons-nous pas que nous nous efforçons de vaincre en bienfaits nos bienfaiteurs ? En entendant ces mots, tout le monde applaudit. Un des chefs prenant la parole : « Ne différons pas, Cyrus, dit-il. Il me semble que Cyrus nous croit des espèces de mendiants, parce que nous n’arrivons pas couverts de dariques, parce que nous ne buvons pas dans des coupes d’or. En nous conduisant ainsi avec lui, il saura que l’on peut être généreux sans avoir d’or. — Allons, dit Cyrus, remettez aux mages la part des dieux, prenez ce qui est nécessaire à l’armée, appelez ensuite Gobryas, et donnez-lui le reste. » Chacun prend alors ce qui lui revient, et le reste est donné à Gobryas.
Cyrus conduit ensuite son armée vers Babylone, dans l’ordre