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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/324

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où elle était le jour du combat. Mais les Assyriens ne sortant point à sa rencontre, Cyrus charge Gobryas d’aller leur dire de sa part que, si le roi veut sortir pour en venir aux mains, il est, lui, tout prêt à combattre ; mais que, s’il ne défend pas son domaine, il ait à se soumettre au vainqueur. Gobryas, s’avançant jusqu’où il est possible sans danger, fait parvenir ces paroles au roi, qui lui envoie cette réponse : « Voici, Gobryas, ce que te dit ton maître : Je ne me repens pas d’avoir tué ton fils, mais de ne pas t’avoir tué avec lui. Si vous voulez combattre, revenez dans trente jours ! En ce moment nous n’avons pas le temps : nous faisons nos préparatifs. » Gobryas répond : « Puisse ce repentir ne finir qu’avec ta vie ! car je vois que je fais ton tourment, depuis que tu es en proie à ce repentir. »

Gobryas revient rapporter à Cyrus les paroles de l’Assyrien. Cyrus, après l’avoir entendu, fait retirer ses troupes, et appelant Gobryas : « Dis-moi, lui dit-il, ne m’as-tu pas rapporté que, selon toi, le prince mutilé par l’Assyrien se joindrait à nous ? — Je n’en saurais douter : car nous avons eu ensemble des entretiens de toute franchise. — Puisque tu crois que tout va bien de ce côté ; va le trouver, et essaye d’abord, toi et les tiens, de savoir ce qu’il dit ; puis, quand tu t’entretiendras avec lui, si tu juges qu’il désire sincèrement être de nos amis, il devra prendre toutes les mesures pour qu’il ne transpire rien de notre amitié. À la guerre, en effet, on ne sert jamais si bien ses amis qu’en passant pour leurs ennemis, et on ne nuit jamais plus à ses ennemis qu’en paraissant leurs amis. — Oh ! je suis sûr, dit Gobryas, que Gadatas payerait cher le plaisir de faire beaucoup de mal au roi actuel des Assyriens, mais le moyen, il faut l’examiner ensemble. — Dis-moi, continue Cyrus, cette place forte, en avant du pays, et que vous dites élevée contre les Hyrcaniens et les Saces, et pour servir de boulevard à la contrée, penses-tu que le gouverneur voulût y admettre le prince eunuque arrivant avec ses troupes ? — Assurément, dit Gobryas, s’il se présente quand il n’est pas encore suspect, comme aujourd’hui. — Eh bien, il ne sera pas suspect, si je vais assiéger ses places comme pour m’en rendre maître, et s’il me résiste, lui, avec vigueur. Je lui prendrai quelque chose, il me prendra, de son côté, quelques hommes, ou bien des messagers envoyés par moi vers ceux que vous dites ennemis de l’Assyrien. Ces prisonniers répondront qu’ils vont à l’armée pour rapporter des échelles à la place forte, et eunuque, en entendant cette nouvelle, feindra de venir afin de l’annoncer. » Gobryas répond : « Si l’on s’y prend