Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/326

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ces témoignages d’affection ; gouverne-la de manière que cette conquête soit précieuse à ta nation, à nos alliés, surtout à Gadatas, à qui nous la devons et qui nous l’abandonne. — Mais quoi ? dit l’Hyrcanien, quand les Cadusiens seront arrivés, ainsi que les Saces et mes compatriotes, ne sera-t-il pas à propos d’appeler aussi Gadatas, afin de délibérer en commun, nous tous qui nous y trouvons intéressés, sur les moyens de tirer le meilleur parti de cette place ? » Cyrus approuve cette proposition. On assemble ceux qui sont intéressés à la question de la place, et l’on décide que la forteresse sera gardée en commun par les peuples à qui il importe de la conserver ainsi, pour leur servir à la fois de place d’armes et de boulevard contre les Assyriens. Cette mesure fait que les Cadusiens, les Saces et les Hyrcaniens, s’engagent dans cette guerre avec plus d’ardeur et en plus grand nombre. Les premiers fournissent environ vingt mille peltastes et quatre mille cavaliers ; les Saces, dix mille archers à pied et deux mille à cheval : les Hyrcaniens donnent autant d’infanterie qu’ils peuvent, et complètent leurs corps de cavalerie au nombre de deux mille hommes : jusque-là ils avaient été obligés d’en laisser la plus grande partie dans leur pays pour le défendre contre les Cadusiens et les Saces, ennemis des Assyriens. Pendant le séjour que Cyrus fait devant la forteresse pour assurer sa conquête, un grand nombre d’Assyriens, dont les habitations étaient peu éloignées, s’empressent ou d’amener leurs chevaux ou d’apporter leurs armes, dans la crainte de leurs voisins.

Sur ces entrefaites, Gadatas vient trouver Cyrus et lui dit qu’il vient de recevoir la nouvelle que l’Assyrien, en apprenant ce qui s’est passé au sujet de la place, s’est mis en colère et se prépare à faire irruption sur son territoire. « Si tu me permets de m’en aller, Cyrus, ajoute-t-il, je tâcherai de défendre mes murailles ; pour le reste, c’est de moindre importance. » Cyrus répond : « En partant tout de suite, quand seras-tu chez toi ? — Dans trois jours, répond Gadatas, je puis y souper. — Et l’Assyrien, crois-tu qu’il soit sitôt prêt à t’attaquer ? — Je n’en doute pas ; il se hâtera d’autant plus que tu paraîtras plus éloigné. — Et moi, dit Cyrus, dans combien de temps puis-je m’y rendre avec mon armée ? — Comme ton armée est nombreuse, maître, lui dit Gadatas, tu ne peux arriver à moins de six ou sept jours de marche à ma demeure. — Pars donc au plus vite, lui dit Cyrus ; de mon côté, je marcherai aussi rapidement que possible. » Gadatas s’en va : Cyrus rappelle tous