Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/330

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Quand le jour paraît, Cyrus laisse, pour contenir l’infanterie cadusienne, qui vient la dernière, la cavalerie de la même nation, et fait prendre les devants aux autres corps de cavalerie, parce que, ayant l’ennemi en tête, il croit être en état ou de combattre avec toutes ses forces, s’il trouvait de la résistance, ou de poursuivre les fuyards, si on en apercevait quelques-uns. Pour cela, il avait toujours sous la main des hommes tout prêts à poursuivre, s’il le fallait, ou à demeurer auprès de lui, car il ne souffrait pas que la cavalerie se détachât tout entière. C’est ainsi que Cyrus conduisait son armée : il n’avait pourtant aucun poste fixe, mais se portait sans cesse d’un point à un autre, veillant et réglant tout suivant le besoin ; et voilà comme marchaient les troupes de Cyrus.


CHAPITRE IV.


Cyrus sauve la vie à Gadalas. — Défaite des Cadusiens. — Ils sont vengés par Cyrus. — Gadatas suit l’armée de Cyrus. — Convention avec les Assyriens pour épargner les cultivateurs. — Cyrus explique pourquoi il veut camper loin de Babylone. — Il s’empare de trois places fortes.


Cependant un des principaux officiers de la cavalerie de Gadatas, voyant que celui-ci a secoué le joug de l’Assyrien, s’imagine que, si son maître éprouve un revers, il pourra obtenir de l’Assyrien tous les biens de Gadatas. Dans cette pensée, il dépêche à l’Assyrien l’un de ses plus fidèles serviteurs, chargé de lui dire que, s’il le trouve sur les terres de Gadatas avec l’armée assyrienne, il sera facile, en lui tendant une embuscade, de prendre Gadatas et ceux qui sont avec lui. Il lui enjoint également d’exposer quelles sont les forces de Gadatas et comment Cyrus ne l’accompagne pas, et de lui apprendre par quel chemin il doit arriver. Puis, pour s’attirer plus de confiance, il écrit à d’autres de ses serviteurs de livrer à l’Assyrien un château qu’il possède sur le territoire de Gadatas, ainsi que tous les objets qui s’y trouvent. Enfin, il fait dire au roi qu’il le joindra, s’il réussit, après avoir tué Gadatas ; qu’autrement, s’il manque son coup, il passera du moins à son service le reste de ses jours. L’envoyé se rend au plus vite auprès de l’Assyrien et lui déclare ce qui l’amène. Après l’avoir entendu, celui-ci