Aller au contenu

Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

utiles. Il faut aussi des courroies : elles servent en maintes circonstances pour les hommes et pour les chevaux : qu’elles se rompent ou brisent, on est forcé de demeurer inactif, faute d’avoir rien qui serve à rattacher. Ceux qui ont appris à aiguiser des javelots feront bien de ne pas oublier leur doloire ; il est bon aussi de se munir d’une lime ; en aiguisant sa pique, on aiguise son courage ; on rougirait d’être lâche quand on a des armes affilées. Il faut encore avoir beaucoup de bois de charronnage pour les chars et les chariots. Quand on a beaucoup à faire, quelque chose doit nécessairement arrêter. Il faut avoir pour tout cela les outils indispensables : car on n’a pas des ouvriers partout, et cependant le travail de chaque jour, il suffit parfois d’un petit nombre pour l’exécuter. Il faut mettre sur chaque chariot une serpe et un noyau, sur chaque bête de charge uns hache et une faux. Ces instruments sont toujours utiles aux particuliers, et souvent à l’armée entière. Pour ce qui est de la quantité suffisante de provisions, c’est à vous, commandants des hoplites, de vous informer si vos hommes en ont assez : car il ne faut pas négliger ce qui leur est nécessaire ; ce serait nous négliger nous-mêmes. Ce que je fais charger sur les bêtes de somme, à vous, chefs de skeuophores, d’y veiller, et de contraindre ceux qui n’ont point obéi. Vous, chefs des prisonniers, vous avez la liste des acontistes, des archers, des frondeurs que j’ai mis à la réforme ; aux anciens acontistes, donnez une hache propre à couper du bois, et contraignez-les au service ; aux archers, un hoyau ; aux frondeurs, une serpe. Munis de ces instruments, faites-les marcher par petites troupes le long des équipages, pour être prêts à agir, au cas où il faut aplanir le chemin, et, si j’ai besoin de quelque chose, pour que je sache où prendre ce qu’il me faut. J’emmènerai d’ailleurs, prisa l’âge où l’on porte les armes, et munis de leurs outils, des armuriers, des charrons, des cordonniers, de sorte que rien de ce qui, dans l’armée, dépend de leur métier, ne lui fera défaut. Ils feront un corps séparé des hoplophores[1], et ils auront un lieu fixe où ils travailleront pour qui voudra les employer en payant. Si quelque marchand veut faire le commerce à la suite de l’armée, il gardera les denrées le nombre de jours que j’ai fixés ; autrement, toutes seront saisies. Le terme passé, il les débitera comme il voudra. D’ailleurs, les marchands qui fourniront les

  1. Ceux qui sont chargés de faire ou de réparer les armes ; les armuriers.