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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/384

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très-convenable à des esclaves : non qu’il n’y ait des occasions où les frondeurs, mêlés à d’autres troupes, peuvent être d’une grande utilité, mais tous les frondeurs ensemble, s’ils ne sont pas joints à d’autres corps, ne sauraient tenir contre une poignée de soldats armés pour combattre de près. Cyrus, en se rendant de Sardes à Babylone, soumet les Phrygiens de la grande Phrygie, soumet les Cappadociens et réduit les Arabes sous son joug. Avec les armes de ces différents peuples, il équipe environ quarante mille cavaliers perses, et partage entre les alliés une grande partie des chevaux des vaincus. Enfin, il paraît devant Babylone à la tête d’une cavalerie nombreuse et d’une multitude infinie d’archers, d’acontistes et de frondeurs.


CHAPITRE V[1].


Premières opérations du siège de Babylone. — Prise de la ville. — Cyrus désire être traité en roi. — Son discours à ses amis. — Réponse d’Artabase et de Chrysantas. — Cyrus choisit des eunuques pour ses gardes du corps. — Discours sur l’organisation de la conduite des vainqueurs après leur conquête.


Dès que Cyrus est à Babylone, il établit toutes ses troupes autour de la ville, et va lui-même la reconnaître, suivi de ses amis et des principaux chefs des alliés. Au moment où, après avoir examiné les fortifications, il se dispose à faire retirer son armée, un transfuge sort de la ville et l’avertit que les Babyloniens ont formé le dessein de l’attaquer dans sa retraite, attendu que sa phalange, vue des remparts, leur a paru faible. Il n’était pas étonnant qu’il en fût ainsi. Comme l’enceinte de la ville investie par sa phalange était très-étendue, il était nécessaire qu’elle eût fort peu de profondeur. Sur cet avis, Cyrus, s’étant placé au centre de l’armée avec ceux qui l’accompagnaient, ordonne que les hoplites se replient de droite et de gauche par les deux extrémités et aillent se ranger derrière la partie de l’armée qui ne fera point de mouvement, en sorte que les deux parties viennent se réunir au centre, où il se trouve en per-

  1. Cf., pour le siège et la prise de Babylone, Hérodote, liv. I, chapitres clxxxix, cxc, cxci, et Bossuet, Hist. univ., p. 359 l’édit. Charpentier.