Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/388

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sachant le syrien, ceux qui sont dans leurs maisons à y rester : si quelqu’un est pris dehors, il sera massacré.

Ainsi font-ils. Gadatas et Gobryas arrivent : leur premier soin est de remercier les dieux de la vengeance qu’ils ont tirée d’un roi impie. Ils se rendent ensuite auprès de Cyrus, lui baisant les mains et les pieds, fondant en larmes de joie et de bonheur. Le jour venu, les garnisons, instruites de la prise de la ville et de la mort du roi, livrent les forteresses. Cyrus s’en saisit, y établit des troupes avec des chefs de garnison, permet aux parents de ceux qui ont été tués d’enterrer les morts, et fait publier par des hérauts un ordre général aux Babyloniens de livrer leurs armes : quiconque sera pris ayant des armes dans sa maison, sera mis à mort, et tous ceux de chez lui. On apporte les armes, et Cyrus les fait déposer dans la forteresse, pour les trouver prêtes au besoin. Ces mesures prises, il fait venir les mages : comme la ville avait été emportée l’épée à la main, il leur recommande de réserver pour les dieux les prémices du butin et les terres consacrées. Il donne les maisons des particuliers et les palais des grands à ceux qui ont le plus contribué au succès de l’entreprise ; distribuant les meilleurs lots aux plus braves, ainsi qu’il avait été décidé, et invitant à réclamer ceux qui croiraient avoir trop peu reçu. Enfin, il enjoint, d’une part, aux Babyloniens de cultiver leurs champs, de payer les tributs, de servir les maîtres qu’il leur donne ; de l’autre, il accorde aux Perses, à ceux qui partagent leurs privilèges, et à tous les alliés qui veulent demeurer avec lui, de parler en maîtres à leurs prisonniers.

Ces mesures prises, Cyrus, voulant être traité avec tous les égards qui sont dus à un roi, a le dessein d’amener ses amis à lui en faire eux-mêmes la proposition, afin qu’on soit moins blessé de le voir rarement en public et dans un appareil imposant. Voici comment il s’y prend. Un jour, au lever du soleil, il se place au lieu qu’il juge propre à son dessein. Là, il écoute tous ceux qui se présentent pour îui parler, leur répond et les renvoie. Dès qu’on sait qu’il donne audience, la foule arrive à ne savoir où se placer : on se pousse, on se dispute, on cherche tous les moyens de pénétrer jusqu’à lui ; c’est un vrai combat : les gardes font leur choix et laissent arriver qui ils peuvent. Si des amis de Cyrus, perçant la presse, viennent s’offrir à lui, il leur tend la main et leur dit : « Attendez, mes amis, que nous ayons expédié toute cette foule, nous nous reverrons ensuite à notre aise. » Les amis attendent, et la foule grossissant, gros-