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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/425

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CHAPITRE VI.


Établissement de satrapes dans les provinces. — Recommandations que leur fait Cyrus. — Inspecteurs annuels. — Courriers pour les dépêches. — Soumission de toutes les contrées comprises entre la Syrie et la mer Érythrée, ainsi que de l’Égypte. — Résidences de Cyrus.


Quand il fut de retour à Babylone, il crut à propos d’envoyer des satrapes dans les provinces conquises, avec cette restriction que les gouverneurs des places, et les chiliarques disséminés pour garder le pays, ne recevraient d’ordres que de lui seul. Il prenait cette mesure afin que, si quelque satrape, fier de ses richesses et de la multitude de ses vassaux, avait l’insolence de vouloir se rendre indépendant, il eût aussitôt contre lui les troupes mêmes du pays. Cette résolution prise, il assemble les principaux chefs, pour instruire ceux qui vont dans les provinces à quelles conditions ils y vont : il croit que par là ils accepteront plus volontiers ses mesures ; tandis que, si l’on attendait qu’ils fussent en possession de leurs places, on les froisserait, parce qu’ils croiraient que c’est par défiance qu’on restreint leur autorité. Quand ils sont assemblés, Cyrus leur parle ainsi :

« Mes amis, nous avons laissé des garnisons et des gouverneurs dans les villes que nous avons soumises. En partant, je leur ai donné l’ordre de ne se mêler d’aucune autre affaire que de garder leurs remparts. Je ne puis leur enlever leur pouvoir, puisqu’ils ont exactement suivi mes ordres ; mais il me paraît nécessaire d’envoyer des satrapes dans les provinces pour gouverner les habitants, lever les impôts, payer les garnisons, et veiller à tout ce qui leur incombe. Il me paraît aussi nécessaire que ceux qui sont établis ici, et que je pourrai envoyer pour quelque mission dans ces pays, y aient en propriété des terres et des maisons, afin qu’en arrivant ils se trouvent logés chez eux et que les tributs nous parviennent ici. »

Cela dit, Cyrus assigne à plusieurs de ses familiers des maisons et des vassaux dans la plupart des villes conquises ; et maintenant encore ces possessions, situées en différentes contrées de l’empire, appartiennent aux descendants de ceux à