Aller au contenu

Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour vous, je vous le communique. Quand Cyrus s’est avancé à votre tête, vous avez agrandi sa personne en lui donnant une armée et en lui en confiant le commandement ; mais Cyrus, de son côté, en vous conduisant, vous a rendus, Perses, avec l’aide des dieux, glorieux parmi tous les hommes, respectés dans l’Asie tout entière : il a enrichi les braves qui ont fait la guerre avec lui, il a payé et nourri les soldats ; en établissant un corps de cavalerie perse, il a mis les Perses en état d’avoir toujours le dessus en rase campagne. Si vous avez toujours les mêmes sentiments, vous serez entre vous une cause réciproque de grands biens ; mais si toi, Cyrus, enflé de l’on bonheur présent, tu veux commander aux Perses en vue de l’on intérêt personnel, et si vous autres, citoyens, jaloux de la puissance de Cyrus, vous essayez d’y porter atteinte, sachez-le, vous vous priverez réciproquement des plus grands biens. Pour empêcher ce malheur, et pour vous assurer d’autres biens, offrez aux dieux un sacrifice en commun, et promettez-vous en leur présence, toi, Cyrus, que si quelqu’un entre à main armée dans la Perse, ou entreprend d’en détruire les lois, tu la défendras de toutes tes forces ; vous, Perses, que si quelqu’un cherche à dépouiller Cyrus de l’empire ou à détacher de son obéissance les nations qu’il a soumises, vous accourrez au secours de Cyrus, dès le premier appel. Tant que je vivrai, le royaume des Perses restera entre mes mains ; quand je ne serai plus, il sera certainement à Cyrus, s’il me survit. Quand il viendra en Perse, ce sera lui qui offrira pour vous aux dieux les sacrifices que je leur offre aujourd’hui : lorsqu’il sera absent, vous ferez bien, je crois, de choisir celui que vous croirez le plus digne de votre race, afin qu’il accomplisse ce qu’exigent les dieux. »

Les paroles de Cambyse sont approuvées de Cyrus et des magistrats perses ; ils acceptent la convention, et en prennent les dieux à témoin, et maintenant même encore les Perses et le roi sont fidèles à ce contrat.

Tout cela terminé, Cyrus quitte la Perse. Dès qu’il est de retour en Médie, il épouse, du consentement de son père et de sa mère, la fille de Cyaxare, dont on vante encore aujourd’hui la beauté. Selon quelques écrivains, celle qu’il épousa était sœur de sa mère ; mais alors cette enfant eût été une vieille femme[1]. Les noces faites, Cyrus se met sur le chariot de voyage.

  1. Quelques éditeurs regardent cette phrase comme une glose maladroitement introduite dans le texte.