Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même tente se trouvent aussi trois hommes de la classe des égaux, qui leur procurent toutes les choses nécessaires à la vie afin qu’ils aient tout le temps de s’occuper des affaires de la guerre.

Prenons les faits au moment où le roi se met en marche avec l’armée. Il commence par offrir dans la ville un sacrifice à Jupiter Agétor[1], et aux autres dieux invoqués avec lui. Si dès lors les signes sont favorables, le pyrophore[2], prenant le feu de l’autel, marche en tête de l’armée jusqu’aux frontières du pays ; là le roi offre un nouveau sacrifice à Jupiter et à Minerve. Si ces deux divinités donnent d’heureux présages, il franchit les frontières du pays ; le feu ravi aux autels est porté en avant ; on ne le laisse jamais s’éteindre et on le fait suivre de toutes sortes de victimes.

Chaque fois que le roi sacrifie, il commence cette opération dès le point du jour, afin d’obtenir, avant tout le monde, la bienveillance de la divinité. Au sacrifice sont présents les polémarques, les lochages, les pentécostères, les chefs de troupes mercenaires, ceux des skeuophores, et tous ceux des généraux des villes alliées qui le désirent. Il y assiste aussi deux éphores, qui ne se mêlent de rien, à moins que le roi ne les appelle, mais qui, ayant l’œil sur ce que chacun fait, contiennent tout le monde dans le devoir. Le sacrifice terminé, le roi convoque les officiers et donne ses ordres. Si vous voyiez ce qui se passe alors, vous croiriez que les autres peuples sont des amateurs en fait d’art militaire, et qu’on ne trouve qu’à Sparte de vrais artistes en ce genre.

Quand le roi marche à la tête des troupes, s’il ne se montre aucun ennemi, personne ne le précède, et il n’a devant lui que les Scirites et les cavaliers envoyés en éclaireurs. Mais si l’on pense qu’il y aura combat, le roi prend le commandement de la première more, et fait faire une conversion par le côté de la lance, de manière à se trouver entre deux mores et deux polémarques. Ce qui reste à ranger est mis en ordre par le plus âgé de ceux qui campent sous la tente nationale. Or, ce sont tous les compagnons de chambrée des égaux[3], devins, médecins, joueurs de flûte, chefs de troupes, quiconque enfin veut pren-

  1. C’est-à-dire conducteur.
  2. Prêtre de Mars.
  3. On ne sait rien de bien précis sur celle classe de citoyens. Xénophon semble en avoir affecté les attributs et presque le nom aux homotimes de la Cyropédie.