Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/74

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de suite ; mais pour le moment, je crois que le meilleur est de mettre aux voix sur-le-champ ce qu’il vient de dire. Que ceux qui sont de cet avis lèvent la main ! » Tous la lèvent. Alors Xénophon debout reprenant de nouveau : « Écoutez, camarades, ce que je crois utile de faire. Il est évident que nous devons aller où nous ayons des vivres. Or, j’entends dire qu’il y a de beaux villages à vingt stades au plus d’ici. Je ne serais point surpris si les ennemis, semblables à ces chiens qui poursuivent et mordent, s’ils peuvent, les passants, mais qui s’enfuient dès qu’on court sur eux, si les ennemis, dis-je, nous suivaient dans notre retraite. Aussi, l’ordre le plus sûr pour la marche est peut-être de former avec les hoplites une colonne à centre vide, pour que les bagages et la masse qui nous suit s’y trouvent en sûreté. Si nous désignions dès à présent ceux qui commanderont le front de la colonne et veilleront à la tête, puis ceux qui couvriront les flancs et marcheront à la queue, nous n’aurions plus à délibérer, à l’approche de l’ennemi, et nous pourrions mettre en mouvement nos troupes toutes formées.

» Si l’on voit quelque autre chose de mieux, faisons autrement ; sans cela, que Chirisophe commande le front, puisqu’il est Lacédémonien ; que les deux stratéges les plus âgés veillent aux flancs ; Timasion et moi, comme les plus jeunes, nous resterons pour le moment à l’arrière-garde. Plus tard, quand nous aurons essayé de cette ordonnance, nous déciderons, suivant l’occasion, ce qu’il y aura de mieux à faire. Si quelqu’un voit autre chose de mieux, qu’il le dise. » Personne ne prenant la parole, il continue : « Que ceux qui sont de cet avis lèvent la main ! » La chose est décidée, « Maintenant, dit-il, partons et faisons ce qui est arrêté. Que celui d’entre vous qui veut revoir sa famille, se souvienne d’être un homme de cœur : c’est le seul moyen d’y arriver : que celui qui veut vivre, tâche de vaincre : vainqueur, on tue ; vaincu, l’on est tué. Enfin, que celui qui aime les richesses tâche de remporter la victoire : vainqueur, on sauve son bien ; vaincu, on le laisse aux autres. »