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LA PORTEUSE DE PAIN

Jacques Garaud, nous l’avons dit, s’était dirigé vers le cabinet de M. Labroue, situé au rez-de-chaussée du pavillon attenant aux bureaux, à la caisse et aux resserres des modèles.

Le pavillon lui-même s’accotait aux ateliers de fabrication employant toute l’année soixante à soixante-dix ouvriers, aidés par le travail de puissantes machines à vapeur.

Ces ateliers se composaient de plusieurs salles, dont chacune avait sa destination spéciale.

Celle-ci était occupée par les ajusteurs, cette autre par les grosses mécaniques, d’autres encore par les ateliers des mécaniques de précision et de polissage ; car aux travaux de mécanique proprement dits, M. Labroue joignait ceux de laminage et de polissage.

Le patron était extrêmement rigoureux pour tout ce qui concernait le bon ordre de sa maison. — Il avait rédigé lui-même des règlements sévères, et il tenait la main à ce qu’ils fussent exécutés à la lettre.

On ne discutait point à l’usine ; — l’obéissance passive s’imposait ; — il fallait céder ou partir.

Jacqués Garaud, contremaître principal, connaissait mieux que personne les idées de Jules Labroue sur la discipline intérieure ; il veillait à l’exécution stricte du règlement, et il exigeait des contremaîtres en sous-ordre le respect absolu de la consigne donnée.

Le patron avait son logement à l’usine même, au premier étage du pavillon.

La porte du cabinet était placée juste en face du cabinet de la caisse, dont un simple couloir la séparait.

Au fond de ce couloir un escalier conduisait à l’appartement de M. Labroue.

Jacques frappa discrètement à la porte ; puis, n’obtenant aucune réponse, frappa un second coup, plus fort.

Le caissier, entendant du bruit, leva la plaque de cuivre mobile qui fermait le guichet, regarda et reconnut le contremaître.

— Inutile de frapper, — lui dit-il, — le patron est sorti.

— Pour longtemps, monsieur Ricoux ?

— Je ne crois pas, — il est allé jusqu’à Créteil… — Puis-je le remplacer ?

— Non, monsieur Ricoux, — j’ai à lui rendre compte de choses relatives à des travaux… — Je vous prierai seulement, quand il reviendra, de le prévenir que je suis de retour, — il me fera appeler.

— Suffit, Jacques… La commission sera faite…