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LA

PORTEUSE DE PAIN




PREMIÈRE PARTIE

L’INCENDIAIRE

i


Le village d’Atfortville, situé sur la route de Maisons-Alfort, après le fort de Charenton, est occupé en grande partie par les ouvriers des usines disséminées dans la plaine qui s’étend à l’ouest entre la Seine et les remblais du chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, à l’est du côté des villages de Créteil et de Maisons-Alfort.

Là journée finie, les travailleurs quittent les ateliers et rentrent chez eux. — Les habitants peu nombreux des usines sont obligés, pour faire leurs provisions, d’aller soit à Alfortville, soit à Maisons-Alfort.

Au moment où commence notre récit, c’est-à-dire le 3 septembre de 1861, à trois heures du soir, une femme de vingt-six ans à peu près suivait la route conduisant de Maisons-Alfort à Alfortville.

Cette femme, simplement mais proprement vêtue de deuil, était de taille moyenne, très bien faite, belle plutôt que jolie, d’une beauté sympathique et attrayante.

Des cheveux d’un blond fauve, d’une épaisseur et d’une longueur presque invraisemblables, s’enroulaient en grosses torsades sur sa tête nue, avec une négligence sans coquetterie mais non sans charme.

Sous cette chevelure opulente, dans un visage d’une pâleur mate, brillaient de grands yeux aux prunelles d’un bleu sombre à demi cachées sous un double réseau de longs cils. — La bouche était petite ; — les lèvres bien dessinées, d’un rouge de cerise mûre, s’entr’ouvraient sur des dents éblouissantes.

Plus d’une femme élégante et riche aurait pu envier non seulement la