Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

aux Tou-kioue (Turcs). La température étant constamment tiède, les épidémies y sont très-fréquentes.

À la fin de l’hiver et au commencement du printemps, il tombe des pluies continuelles. C’est pourquoi au sud de ce pays et au nord de Lan-po, il règne beaucoup d’épidémies[1]. De là vient que tous les religieux entrent dans des demeures fixes le seizième jour du douzième mois, et en sortent le quinzième jour du troisième. Cet usage est fondé sur l’abondance des pluies. Les instructions qu’on leur donne sont subordonnées aux saisons. Les habitants sont d’un caractère mou et pusillanime ; leur figure est commune et ignoble. Ils ont quelques notions de la bonne foi et de la justice, et ne se trompent guère les uns les autres. Quant à la langue parlée, elle diffère un peu de celle des autres royaumes. L’écriture se compose de vingt-cinq signes radicaux qui se combinent ensemble ; ils servent à exprimer toutes choses. Les livres sont écrits en travers et se lisent de gauche à droite. Les compositions littéraires et les mémoires historiques se sont augmentés peu à peu, et sont, aujourd’hui, plus nombreux que ceux du pays de Sou-li[2].

Le plus grand nombre des habitants se revêt de coton, et il en est peu qui portent des étoffes de laine. Dans le commerce, ils font usage de monnaies d’or,

  1. En chinois, ouen-tsi, littéralement « maladies tièdes », c’est-à-dire maladies causées par une température tiède.
  2. Sur le pays de Sou-li, voyez, page 12, ce que dit l’auteur dans la notice relative au royaume de Pa-lon-kia (Bâloukâ ?).