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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. III.

— Si vous daignez, dit le descendant de Çâkya, consentir d’un seul mot, vous aurez comblé les vœux j’ai formés depuis longtemps.

— Je reçois avec respect vos ordres, répondit la fille du dragon ; je suis prête à vous suivre. »

À ces mots, le descendant de Çâkya prononça ce serment : « Par la puissance de toutes les vertus qui sont en moi, j’ordonne que cette fille du dragon se revête complètement d’un corps humain ! »

Par la puissance de sa vertu, la fille du dragon se métamorphosa sur-le-champ. Aussitôt qu'elle eut obtenu un corps humain, elle éprouva une joie profonde, et remercia ainsi le descendant de Çâkya : Pour avoir accumulé le malheur sur ma tête, j’avais, de siècle en siècle, parcouru une mauvaise voie[1]. Heureusement pour moi, vous avez daigné me témoigner de l’intérêt. Par la puissance de vos vertus, ce corps hideux, que je traînais depuis un nombre immense de kalpas, s’est métamorphosé en un instant. J’aurais beau le réduire en poudre pour vous remercier d’un si grand bienfait, je n’aurais pas encore épuisé ma reconnaissance. Si je n’écoutais que mon cœur, je voudrais vous accompagner dans vos voyages ; mais je suis retenue par la crainte de l’opinion publique. Je désire avertir mon père et ma mère ; ensuite, nous observerons les rites prescrits. »

  1. On distingue trois mauvaises voies : l’état des damnés que consume le feu de l’enfer ; la condition des démons et celle des animaux. (Fan-i-ming-i-tsi, liv. VII, fol. 2 , l. 5.)