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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

La fille du dragon retourna dans l’étang et avertit ainsi son père et sa mère : « Aujourd’hui, en me promenant, j’ai rencontré un descendant de Çâkya, qui, par la puissance de sa vertu, m’a métamorphosée et m’a donné un corps humain. Il m’a montré de l’affection et désire m’épouser. J’ose vous en informer avec sincérité. »

Le roi-dragon ravi, au fond de son cœur, de la voir rentrée dans la voie des hommes, et rempli d’estime pour la famille sainte[1], accéda avec empressement à la prière de sa fille. Il sortit alors de l’étang et alla remercier le descendant de Çâkya. « Vous n’avez point dédaigné, lui dit-il, des êtres d’une espèce différente de la vôtre, et vous avez abaissé votre dignité jusqu’aux créatures les plus abjectes. Je désire, en conséquence, que vous veniez dans ma demeure ; j’oserai alors vous offrir la main de ma fille[2]. »

Le descendant de Çâkya, ayant écouté cette prière du roi-dragon, se rendit immédiatement dans sa demeure. Alors, dans le palais du dragon, il alla lui-même au-devant de son épouse, et accomplit les cérémonies prescrites ; puis, heureux de s’unir à son épouse, il s’enivra de plaisir et de bonheur. Le descendant de Çâkya, voyant les formes hideuses des serpents, éprouvait un sentiment d’effroi et de dégoût, et voulait se retirer ; mais le roi des dragons le retint. « De grâce, lui

  1. C’est-à-dire, la sainte race de Çâkya.
  2. Littéralement : vous offrir l’arrosage et le balayage, c’est-à-dire, vous offrir une femme qui se dévouera à votre service.