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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. III.

la vue. Quand Jou-laï (le Tathâgata) revenait de dompter le dragon ’O-po-lo-lo[1] (Apalâla), du haut des airs il descendit, dans son palais. En ce moment, le roi Chang-kiun (Outtarasêna râdjâ) était sorti pour se promener et se livrer à la chasse. Le Tathâgata profita de cette circonstance pour exposer à sa mère les vérités essentielles de la loi. Celle-ci, ayant eu le bonheur de voir le Bouddha et d’entendre la loi, recouvra aussitôt la vue. « Votre fils est de ma famille, lui dit Jou-laï (le Tathâgata) ; où est-il maintenant ?

— Il est sorti de grand matin, lui dit-elle, pour aller à la chasse ; il sera bientôt de retour. « Jou-laï (le Tathâgata) voulut partir avec la multitude qui l’accompagnait.

— « J’ai trouvé le bonheur ! s’écria la mère du roi. J’ai mis au monde un fils de la famille du Saint, et le Tathâgata a eu pitié de moi (c’est-à-dire, de ma cécité) ; de plus, il est descendu en personne dans ma maison. Mon fils va revenir dans l’instant ; je vous prie de vouloir bien rester et attendre un peu.

— Cet homme, dit l’Honorable du siècle, est de ma propre famille. Il lui suffira d’entendre (vos) instructions pour croire et comprendre ; il n’est pas nécessaire que je l’instruise moi-même pour ouvrir son cœur. Je pars. Quand il sera de retour, dites-lui que le Tathâgata sort d’ici, et qu’il va dans la ville de Keou-chi (Kouçinagarî), où il doit entrer dans le Nie-pan (Nirvâṇa), entre deux arbres Sâlas. Il convient qu’il

  1. Cf Burnouf, Introduction au Bouddhisme, p. 377, l. 5.