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INTRODUCTION AU SI-YU-KI.

Au midi, c'était le maître des éléphants (Gadjapati). Le pays est chaud et humide, il convient aux éléphants.

À l'ouest, c'était le maître des choses précieuses[1]. Le pays est voisin de la mer, et fournit beaucoup de choses précieuses.

Au nord, c'était le maître des cheveux (Açvapati). Le pays est froid ; il convient aux chevaux.

À l'est, c'était le roi des hommes (Narapati). Le climat est doux et la population est très-nombreuse. C'est pourquoi, dans le royaume du maître des éléphants, les hommes sont vifs et bouillants et se livrent à l'étude avec ardeur. Ils s'appliquent particulièrement aux sciences occultes. Ils portent un bonnet posé en travers, et montrent à nu leur bras droit ; ils conservent une crête de cheveux au milieu de la tête, et laissent retomber les autres de tous côtés. Ils habitent dans des villes, et leurs maisons ont plusieurs étages.

Dans le pays du maître des choses précieuses, les habitants n'observent ni la justice, ni les rites ; ils font le plus grand cas des richesses ; leurs vêtements sont courts, et ils en rejettent les pans du côté gauche. Ils coupent leurs cheveux et portent de longues moustaches. Ils habitent des villes murées, et montrent une avidité excessive pour le lucre.

Dans le pays du maître des chevaux, les hommes sont d'un naturel violent et féroce ; ils sont insensibles à la pitié et tuent leurs semblables. Ils habitent des tentes de feutre, changent de place aussi souvent que les oiseaux, et mènent la vie de pasteurs.

Dans le pays du maître des hommes, les habitants se distinguent par leur intelligence, leur humanité et leur justice.

  1. Le mot sanscrit correspondant est Tchhatrapati « le roi des parasols ». Lassen. Indisch. Alterthümskunde, tome II, page 28.