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et son homonyme, le premier baronnet, qui vivait du temps de Guillaume d’Orange, quand commença la querelle avec notre branche de la famille. En savez-vous l’origine, ma tante ?

— C’était à propos de quelque propriété, répondit madame Edmonstone ; mais je ne connais pas les détails. Les Morville ont toujours été violents et emportés, et la querelle de sir Hugh et de son frère fut continuée de génération en génération, de la manière la plus inexorable. Moi-même je puis me rappeler le temps où l’on parlait chez nous des Morville de Redclyffe comme d’une famille d’ogres.

— Ce n’était pas tout à fait sans raison, je crois, dit Philippe ; ce pauvre vieillard, qui vient de mourir, a parcouru une étrange carrière. On parle encore de ses duels et de toutes ses folies.

— Pauvre homme ! Il l’a bien payé, dit madame Edmonstone.

— Que s’est-il passé dans cette horrible aventure entre lui et son fils ? dit Philippe. L’a-t-il frappé ?

— Oh ! non. Il y a bien assez de mal sans cela.

— Comment ? demanda Laura.

— Il était fils unique de M. Morville et il perdit sa mère de bonne heure. On l’éleva fort mal et il devint aussi violent et aussi impétueux que M. Morville lui-même ; mais il ne manquait ni de bonté ni de générosité. Il n’avait que dix-neuf ans lorsqu’il épousa secrètement une jeune fille de seize ans, sœur d’un joueur de violon alors à la mode. Son père en fut fort offensé, et l’on se conduisit de part et d’autre