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avec une extrême violence. Enfin on persuada au jeune homme de tenter une réconciliation. Il amena sa femme à Moorworth et se rendit à cheval à Redclyffe pour avoir une entrevue avec son père. Malheureusement, celui-ci donnait ce jour-là un dîner de chasseurs et il avait bu. Non-seulement il refusa de voir son fils, mais il employa des expressions offensantes, parlant de le renvoyer à son racleur de beau-frère. Le fils, qui attendrait dans l’antichambre, entendit tout ; il s’élança à cheval et partit au galop. Dans l’obscurité son front heurta une branche, et il fut tué du coup.

— Et sa pauvre femme ? demanda Amable en frémissant.

— Elle mourut le jour suivant, en mettant au monde ce jeune garçon.

— C’est affreux, dit Philippe. Ce funeste événement peut bien avoir réformé M. Morvilie.

— On m’a dit que rien ne peut rendre la stupeur dans laquelle fut plongée cette misérable société de chasseurs, même avant que l’on sût ce qui était arrivé, même avant que le colonel Harewood, qui avait été appelé par les domestiques, pût se résoudre à venir chercher le père. Non, ce n’est pas surprenant qu’il ait été dès lors un autre homme.

— C’est alors qu’il fit appeler mon père, dit Philippe ; mais qui peut l’y avoir fait songer ?

— Vous connaissez la maison du colonel Harewood à Stylehurst ? Il y a plusieurs années, quand les courses de chevaux de Saint-Mildred étaient à la